Policiers, Roman noir, Thrillers

Carnaval

Chronique de Carnaval, de Ray Celestin.

« Lewis quitta Lulu vers huit heures. Le soir était tombé sur Storyville et les néons des bars, saloons et cabarets entraient en concurrence avec le ciel d’encre. Des bribes de musique s’échappaient de ces lieux, ainsi que des rires et des conversations animées. Les rues débordaient de monde : les touristes, les putes et leurs michetons, les ivrognes et les types louches qui faisaient de la retape pour attirer les clients dans leur boîte, à coups de slogans égrillards et de blagues de mauvais goût. »

Ray Celestin, Carnaval, le cherche midi, 2015, p. 289.

Motivations initiales

Dans le cadre de la team thriller du cherche midi, il est prévu que nous découvrions, à la rentrée, le troisième volume de ce qui – d’après les quelques éléments trouvés sur le web, et que nous n’avons pas encore cherché à valider auprès du cherche midi – devrait être une quadrilogie. Benoît, qu’il en soit remercié, a alors proposé à ceux d’entre nous qui n’avaient pas eu l’occasion de lire Carnaval et Mascarade – lecture à suivre – de les découvrir. Alors, en route pour la Nouvelle-Orléans !

Synopsis

1919, la Nouvelle-Orléans. Dans la ville dirigée depuis plusieurs années par Martin Behrman, le Tueur à la hache sévit depuis plusieurs mois. Personne ne sait quel est le lien entre les victimes, s’il y en a seulement un ; seule la violence brutale des meurtres les relie : les victimes sont retrouvées avec le crâne défoncé à coup de hache.

Michael Talbot est chargé de l’enquête… mais il soupçonne qu’il s’agisse d’un piège. En effet, depuis qu’il a dénoncé l’un de ses collègues, Luca d’Andrea, pour collusion avec la mafia, il est un peu le pestiféré du commissariat. D’autant qu’il a la mauvaise idée de vivre avec une femme noire, dont il a deux enfants… et, bien qu’ils aient tout fait pour tenir leur amour secret, l’information a fuité.

Ida, elle, est une jeune métisse. Lectrice passionnée de Sherlock Holmes – qu’elle cite régulièrement -, elle veut devenir enquêteur. Mais, femme et métisse, elle n’a rien trouvé d’autre qu’une place chez Pinkerton, une agence de détectives. Mais elle n’a droit qu’à des tâches de secrétariat. Et si cette affaire était l’occasion de se faire enfin remarquer ? Alors, avec son ami, Lewis Armstrong, un jeune joueur de cornet que le monde entier connaîtra plus tard sous le prénom de Louis, elle se met en chasse.

Et, pour compléter le tableau, c’est au même moment que Luca d’Andrea, celui-là même que Michael Talbot a contribué à envoyer à l’ombre, sort de prison. Et lui aussi va se mettre en quête…

Trois enquêtes parallèles, trois faces de la société, trois visions du monde… mais peuvent-elles fonctionner l’une sans l’autre ?

Avis

> L’avis de T

Que tout ceci est bien mené ! L’histoire est bien ficelée, l’alternance entre les trois « groupes d’enquête » permet au lecteur de ne pas se perdre dans l’intrigue… bref, c’est extrêmement bien fichu !

L’idée, en plus, de s’appuyer sur un fait divers réel – le Tueur à la hache a réellement sévi à la Nouvelle-Orléans en 1919 -, même si l’on ne sait pas ce qui est réel et ce qui est romancé, est tellement bien joué ! Et c’est aussi l’occasion de signaler le travail de documentation de l’auteur : chapeau bas !

L’atmosphère qui règne à la Nouvelle-Orléans est extrêmement bien décrite – en tout cas, elle permet de s’en faire une représentation. La cohabitation – blancs, noirs, métisses, cajuns… – et ses difficultés, le racisme, les préjugés, les frontières invisibles… Tout cela dans une ambiance lourde, brumeuse, marécageuse, presque gluante…

S’il y avait un bémol à souligner, ce serait peut-être l’espèce de paradoxe entre l’extrême brutalité des meurtres, mais aussi de la vie en général – dans Storyville, les prostituées sont mal traitées, certains suspects sont torturés… – et la quasi-naïveté d’Ida et de Lewis Armstrong. Même s’ils se font capturer à plusieurs reprises, ils s’en sortent toujours, un petit peu miraculeusement. Certains lecteurs, par le passé, ont souligné à ce sujet le côté un peu « Club des 5 » de l’enquête, un petit peu simpliste. Mais ce bémol n’est pas non plus terriblement gênant à mon goût, grâce à la structure du livre et au passage d’un personnage à un autre.

Bref, une très chouette lecture ! Et l’envie de passer au tome suivant, pour retrouver Michael, Ida et Lewis – qui va devenir Louis !

2 réflexions au sujet de “Carnaval”

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