Policiers, Roman noir

Mascarade

Chronique de Mascarade, de Ray Celestin.

« J’étais en train de traverser la boue pour aller au radeau quand j’ai vu la Cadillac arrêtée au milieu du pont. Le moteur était coupé et les lumières éteintes. J’ai trouvé ça bizarre, alors je me suis arrêté pour regarder. Et pis il y a deux types qui sont descendus de la bagnole et ils ont sorti un corps du coffre, une négresse, pas mal du tout. Elle était à poil. Juste, ils lui avaient mis des cordes autour avec une pierre ou quelque chose comme ça d’attaché. Ils l’ont balancée sur le côté, ils ont regardé un peu et puis ils sont remontés dans leur caisse et ils se sont barrés. En tout, ça a pas pris une minute. »

Ray Celestin, Mascarade, le cherche midi éditeur, 2017, p. 259.

Motivations initiales

Alors que le troisième épisode des aventures d’Ida Davis et Michael Talbot vient tout juste de sortir, Benoît, du cherche midi, nous a proposé de découvrir les deux partitions précédentes, Carnaval et Mascarade. Parce que découvrir un nouvel auteur est toujours un privilège pour des lecteurs curieux, et parce que le premier opus nous avait plu, aucune raison valable de ne pas s’intéresser à ce deuxième tome…

Synopsis

1928. Ida, Michael, mais également Louis Armstrong, qui est désormais connu mondialement, ont quitté la Nouvelle-Orléans, pour rejoindre Chicago. Alors que le dernier poursuit sa carrière musicale, les deux premiers font tourner l’agence de détectives privés Pinkerton de la ville. Leurs précédents succès leur vaut ainsi la visite de Madame Van Haren, d’une des plus grandes familles de la ville, dont la fille a disparu, ainsi que le fiancé de cette dernière.

Dans le Chicago d’un Al Capone vieillissant et dont la syphilis mal soignée commence à altérer le jugement, les deux enquêteurs vont devoir dénouer les fils d’une intrigue complexe pour élucider l’affaire…

Avis

> L’avis de T

Quel très chouette livre ! Franchement, on ne s’ennuie pas une seconde, l’intrigue est tortueuse à souhait, et même si la construction pourrait sembler biscornue – on retrouve en fait plusieurs groupes de personnages qui creusent en parallèle les différents pans de l’histoire -, on s’y retrouve sans problème.

L’énigme en elle-même est assez classique. Mais ce qui fait la spécificité et l’originalité de ce livre, c’est qu’au-delà de l’intrigue policière, c’est en réalité une immersion dans les bas-fonds de Chicago aux heures les plus sombres de la Prohibition qui nous est proposée. Et c’est très réussi. En réalité, Chicago n’est pas le décor de ce livre, mais l’un de ses personnages.

L’auteur est visiblement un fin connaisseur de jazz – en tout cas, il parvient à en donner l’impression, car je m’y connais trop peu pour en juger ! -, et la manière dont il nous décrit l’ambiance de la ville et des clubs et les enregistrements d’Armstrong donne furieusement envie de se constituer une bonne petite playlist de jazz, à écouter au fil de la lecture… et de l’écriture de cette chronique (après Don’t Jive Me, j’écoute Summertime, avec Ella Fitzgerald).

Dans Carnaval, on découvrait les personnages, et notamment Ida. La Nouvelle-Orléans occupait déjà une place importante mais, sans doute est-ce lié à mon caractère, cela ne me donnait guère envie de cette ville poisseuse, écrasée de chaleur, toute en paradoxes. Dans ce tome, même si la ville de Chicago nous est présentée sous son aspect le plus sombre et le plus glauque, c’est presque elle qui prend le dessus sur les autres personnages et même sur l’intrigue…

Alors ? Alors pas d’hésitation. Lisez Mascarade, et on se retrouve après, pour parler de Mafioso, qui se déroule à New-York en 1947…

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4 réflexions au sujet de “Mascarade”

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