Chronique de Le soleil suivant – T. 1 Les filles du chœur, d’Éric Marchal.
« Le vestibule menait à un escalier étroit et pentu qui déboucha sur une enfilade de petites salles et de couloirs aménagés où des centaines d’assistants travaillaient au service des secrets de la république. L’Inquisiteur traversa ce dédale avec l’aisance et le flegme du maître des lieux, sans un regard ni une parole pour personne. Il aimait inspirer la crainte et le respect, le second étant issu de la première, tout comme il aimait déambuler dans cette partie réservée du palais où chacun épiait les autres et où tous épiaient la Sérénissime. »
Éric Marchal, Le soleil suivant – T. 1 Les filles du chœur, Éditions Anne Carrière, 2021, p. 61.
Motivations initiales
Voilà déjà 5 ans et demie, je vous disais tout le bien que je pensais d’Éric Marchal et de Le soleil sous la soie. Je vous disais également mon regret, au moment de sortir de cette histoire, qu’aucune suite ne soit prévue, car on sentais bien qu’il était possible d’y ajouter encore quelque chose. Depuis, Éric Marchal a écrit d’autres livres, et j’avais oublié… Et puis… et puis, visiblement, Éric Marchal lui aussi avait envie de retrouver Nicolas, Azlan, Rosa, même d’un peu plus loin. Envie de partager encore un peu de temps avec eux, de courir les routes, d’affronter les dangers. Et voilà donc Le soleil suivant. Un triptyque, avec ce premier tome, Les filles du chœur, que les éditions Anne Carrière nous ont proposé de découvrir, soyez-en remerciés ici !
Synopsis
On retrouve, 10 ans après la fin de Le soleil sous la soie, Azlan de Cornelli, chirurgien de son état, à Venise. Alors que les deux grandes institutions musicales de la Sérénissime – la Pietà et les Incurabili – organisent, pour la première fois, un concert commun, une tribune s’effondre. C’est, naturellement, précisément le soir qu’Azlan avait choisi pour pratiquer une autopsie non autorisée, alors qu’il est sur la piste d’une maladie encore mal connue.
Intervenant auprès des blessé(e)s, il est aidé par un mystérieux médecin, qui utilise des points de suture comme Azlan n’en a jamais vu. Mais l’homme disparait dès la première occasion.
Azlan ne le sait pas encore, mais cette soirée lance réellement la grande quête qui fait l’objet de ce triptyque : celle d’un mystérieux codex, le Codex Quanum, qui contiendrait un savoir médical de nature à révolutionner la médecine…
Avis
Autant le dire immédiatement : tout, dans ce roman, respire, que dis-je, transpire, le plaisir d’Éric Marchal à retrouver ses personnages. Et ce plaisir est totalement communicatif !
Oh, certes, Nicolas, Rosa, ne sont présents que par la pensée, ils ne participent pas à l’action – même si je subodore que l’un des deux pourrait bien être intimement lié à l’objet de cette quête, mais, chut, rien ne le dit, rien ne le confirme, nous verrons cela plus tard ! -. Mais l’on retrouve bien l’opposition, à l’époque, entre la médecine, discipline noble, et la chirurgie, mal considérée. Azlan, ici, doit faire ses armes seul, dans cette Venise dont les manigances et les complots semblent être le sang et l’oxygène. Chacun parait intriguer de son côté, pour son propre compte ou, parfois, pour une organisation plus ou moins dangereuse.
Azlan aura naturellement besoin de quelques alliés, fussent-ils de circonstance. Piero, le petit codega – guide et porteur de flambeau, qui accompagne ceux qui doivent se déplacer dans la ville la nuit -, Sarah, l’aventureuse fille d’un médecin du ghetto juif, Cecilia, l’infirmière qui a un faible pour le séduisant chirurgien…
Historiquement, précisons-le d’ailleurs ici, on voit qu’Éric Marchal travaille son sujet. Même si l’on se situe dans un roman d’aventure, l’Europe des arts, des sciences et de la chirurgie à l’époque moderne semble ne guère avoir de secrets pour lui…
On découvre, d’abord, une administration vénitienne digne des organisations les plus modernes. La capacité à coder – et donc, en général – à décoder les messages les plus secrets assure à la ville ses remarquables succès commerciaux et diplomatiques, mais le service chargé de cet « art » constitue aussi, d’une certaine façon, un État dans l’État.
On retrouve aussi, autour de la rivalité entre les deux institutions musicales de la ville, le rôle joué par Antonio Vivaldi, que l’on avait déjà vu, dans son propre rôle, dans La sonate oubliée, de Christiana Moreau.
C’est un vrai roman d’aventure. Le danger guette à tous les coins de rue – parfois, même, il n’est pas nécessaire d’arriver jusqu’au coin -, les énigmes sont brillantes, les rebondissements incessants. On est dans l’époque, dans cette ville incroyable qu’est Venise, et l’on s’y sent bien.
Alors, il n’y a plus qu’à attendre le deuxième tome. Et vous, cela vous dit de venir vous frotter aux mystères de la Sérénissime ?
Pour en savoir plus
Retrouvez la présentation de ce livre sur le site de l’éditeur.

Une découverte pour moi! Je me le note! 🙂
J’aimeJ’aime