Chronique de Par-delà l’attente, de Julia Minkowski.
« – Du sang partout, sur le sol, sur la muraille, jusque sur les tableaux accrochés à hauteur d’homme. Par terre, deux mares de sang, ou plutôt une seule car le sang des deux victimes s’était confondu. Et dans cette nappe rouge, deux cadavres de femme à moitié dévêtus, le torse zébré d’incisions profondes, des lambeaux de chaire détachés au couteau du mollet de l’une d’elle. Je fis retourner les cadavres et je reculai d’horreur ! Des orbites vidés de la mère, deux yeux avaient jailli et nageaient là tout près dans le sang. »
Julie Minkowski, Par-delà l’attente, Éditions JC Lattès, 2022, p. 30.
Motivations initiales
Les histoires criminelle ça me passionne ! Très souvent, avant de m’endormir ou entre deux pages de rédaction de thèse, j’écoute un podcast sur des affaires criminelles. Une vocation de commissaire de police ? Sûrement ! Mais en attendant, je lis des histoires qui font froid dans le dos !
Synopsis
Septembre 1933, Le Mans. L’histoire abominable des sœurs Papin a suscité de nombreuses réactions dans toute la France. Les deux sœurs – Christine et Léa – sont accusées des meurtres de leur patronne et de la fille de celle-ci. Acte de folie commis par Christine qui semble bien souvent absente et déconnectée du monde réel ou crimes barbares commis par deux sœurs diaboliques ?
Voilà la question à laquelle les jurés vont devoir répondre lorsque s’achève la plaidoirie de Maître Germaine Brière.
Avis
Sur le papier, ce livre de Julia Minkowski avait tout pour me plaire ! Revisiter une affaire criminelle du XXème siècle, qui a fait énormément de bruit, a marqué la mémoire collective au point que l’on en parle encore quasiment cent ans plus tard, quelle ambition !
L’auteure de ce roman réussit un brillant tour de force dès les premières pages de celui-ci, elle fait en sorte que le lecteur soit propulsé dans une salle d’assises et qu’il se retrouve au milieu des curieux sur un vieux banc en bois à attendre l’issue de ce procès. Nos nerfs sont mis à rude épreuve, on oscille entre tension et attente interminable ou bien entre compassion et détestation des deux sœurs. Bref, c’est extrêmement bien fait et ça marche fort bien !
En revanche, si vous cherchez ici une revisite du procès de Christine et Léa Papin, passez votre chemin ! Pas question de réanalyser le verdict ou bien encore de jouer sur des suppositions, ce livre n’est pas là pour ça ! Julie Minkowski s’attache ici à mettre en lumière la grande oubliée de cette affaire, l’avocate Germaine Brière. Tout au long de l’ouvrage, on redécouvre cette brillante avocate dont la carrière a été semée d’embûches mais qui arrive à obtenir sans aucun mal le respect et l’admiration de ses pairs. On comprend très vite que l’idée de l’auteure est de nous présenter des thèmes qui sauront toucher plus d’une personne ; elle nous parle de liberté, des premiers moments du féminisme et également d’un amour impossible, en mettant en lumière Germaine Brière. Mais voilà, j’ai eu le sentiment de trop peu… En effet, bien que l’auteure nous détaille la vie professionnelle de Maître Germaine Brière, elle ne nous offre que de petits fragments de la vie personnelle de celle-ci, vite écourtés par le retour au procès des sœurs Papin. J’ai eu l’impression que l’on me faisait saliver mais qu’à chaque fois on repoussait le moment de la dégustation, et je vous avoue que c’est assez désagréable ! Du coup, ma lecture a trainé. Bref, j’ai fini sur le bord du chemin…
En revanche, je me dois de reconnaître que le style de l’auteure est fluide, agréable et vous donne envie de dévorer l’ouvrage. Je comprends les critiques élogieuses de certain(e)s mais je ne les partage pas à 100% !
Vous l’aurez compris, il faut parfois se méfier des apparences, elles peuvent être trompeuses ! 🙂
Pour en savoir plus
Retrouvez la présentation de ce livre sur le site de l’éditeur.
Ô grimoire ! 