Chronique de Monsieur le Commandant, de Romain Slocombe.
« Tous, nous n’hésitions pas à le clamer haut et fort, dans les journaux et hebdomadaires, où nous exprimions notre juste indignation, ce que l’immense majorité des Français pensait tout bas : les Juifs volaient les emplois de nos concitoyens, envahissaient illégalement le pays, lançaient une « révolution juive » avec la complicité de Léon Blum. Bientôt ils comploteraient pour entrainer la France – qui n’était pas prête militairement – dans leur guerre de revanche, et nous précipiteraient tous au fond de l’abîme ! »
Romain Slocombe, Monsieur le Commandant, Éditions Pocket, 2017, p. 39.
Motivations initiales
J’ai découvert Romain Slocombe grâce aux chroniques de Gérard Collard, le célèbre libraire de la Griffe Noire. Après avoir vraiment passé un bon moment en compagnie du lieutenant principal Sadorski, je me suis dit pourquoi ne pas continuer avec un autre roman de l’auteur…
Synopsis
La France est aux abois. Le peuple est divisé et l’ombre de la guerre plane sur la Patrie. Pour Pierre-Jean Husson, écrivain et membre de l’Académie française, il y a plus grave… En effet, le « fléau juif » contamine selon lui toutes les couches de la société française et il serait grand temps de trouver une solution pour purger la Patrie…
1942. La France a capitulé, le régime de Vichy collabore avec les autorités allemandes. Les Nazis commencent à imposer de lourdes règles anti-juives en France et demandent l’aide des services de police français pour arrêter les Juifs…
Pour Pierre-Jean Husson, fervent pétainiste, le dilemme commence… Que choisir entre ses convictions et son amour pour Ilse ? Car Ilse est radieuse, gracieuse, rayonnante, blonde, allemande mais elle est sa belle-fille et en plus, elle est juive.
Pris entre amour et sens du devoir, que va faire notre héros de la guerre 14-18 ?
Avis
Ce roman a pour sujet central la dénonciation des Juifs durant la Deuxième guerre Mondiale et comme cadre la débâcle française et l’occupation de la patrie par les Nazis. Si les sujets traités peuvent paraitre un peu classiques, la forme de ce roman est assez inattendue, il s’agit d’une très longue lettre écrite par le personnage principal Pierre-Jean Husson aux autorités allemandes.
Il faut une fois encore saluer le style de Romain Slocombe. Son écriture soignée, ses personnages très travaillés, son intrigue sans faille font de ce roman une petite pépite.
J’ai particulièrement aimé le personnage de Pierre-Jean Husson, Slocombe nous offre ici le portrait d’un homme issu de la bourgeoisie normande, mutilé en 14-18, cultivant une haine viscérale envers les Juifs et totalement épris de sa belle-fille. Bref, on a un héros antisémite qui finit par se dégoûter de lui-même au point de commettre une terrible erreur…
Ce qui est également plaisant dans cette longue confession rédigée par Pierre-Jean, c’est de ressentir, de vivre quasiment aux cotés des personnages l’angoisse quotidienne de l’occupation mais également celle des bombardements. C’est extrêmement bien fait, on a l’impression d’être avec eux lorsqu’ils aperçoivent une division de Panzers sur la route normande ou lorsqu’ils fuient le petit bourg normand pour tenter de se mettre à l’abri.
Le roman est assez court, il fait un peu plus de deux cent pages mais il est rempli d’émotion. On sent une fois encore la maitrise qu’a Romain Slocombe de la période de la débâcle et de l’occupation.
Une très bonne lecture que je conseille notamment aux passionné(e)s de roman historique et de la Seconde guerre Mondiale ! C’est un coup de cœur pour ma part et je me dis que j’ai bien fait d’acheter la suite des aventures de Léon Sadorski car je vais me régaler !!!
Un gros coup de cœur pour moi également ! ❤️
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