Chronique de Un vent de cendres, de Sandrine Collette.
« Une note dans l’air, une seule, qui s’éteint lentement. Mais pas de doute. Un sifflement humain en parallèle du chemin, perdu dans les bois sur sa gauche et qui progresse en même temps que lui. Une toute petite note, moqueuse. Malo sent la décharge d’adrénaline, détale dans une plainte étouffée. Il écarte les branches basses qui lui cinglent le visage, court en levant les jambes pour ne pas buter contre un obstacle invisible. »
Sandrine Collette, Un vent de cendres, Le Livre de Poche, 2014, p. 100.
Motivations initiales
Quelle honte ! Je me rends compte que je ne vous avais pas encore parlé de ce roman noir de la majestueuse Sandrine Collette ! Je l’ai lu il y a des années lors de sa sortie et puis il m’attendait sagement dans ma bibliothèque alors ni une ni deux, je replonge dedans et je vais vous en dire quelques mots.
Synopsis
Champagne. Domaine de Vaux. Malo et sa sœur Camille sont embauchés au cœur des vignes champenoises pour les vendanges. Très rapidement, Malo ne se sent pas à l’aise dans cet endroit et il regarde d’un mauvais œil le maître des lieux, Octave. Ce dernier n’arrête pas de reluquer avec insistance Camille, bref, il est malsain ! Pour Malo, c’est décidé, il faut partir le plus vite possible de cet endroit…
Quant à Camille, elle oscille entre fascination et dégoût pour Octave, il faut dire que son physique atypique ne laisse personne de bois… Frère et sœur en viennent à se disputer de façon virulente et, le lendemain, Malo a disparu.
Octave y est-il pour quelque chose ou Malo a-t-il simplement décidé de partir de ce lieu maudit ?
Avis
Des années après sa sortie, je me rends compte que je ne vous avais pas parlé du second roman écrit par Sandrine Collette… J’ai une seule excuse, lors de ma lecture, je ne tenais pas encore ce blog !
Après un uppercut très violent, celui de la lecture de Des nœuds d’acier, j’ai décidé de me plonger de suite dans cette histoire tordue se déroulant dans les vignes champenoises.
Comme à son habitude, l’auteure place la nature au centre de son histoire. Mais, petite différence, ici la nature est plus généreuse, moins hostile même si il s’y passe des scènes d’une violence inouïe ! Nous commençons à bien connaitre l’auteure et à savoir que la nature occupe dans sa vie une place importante, mais je trouve intéressant et stratégiquement bien joué que dans ce roman noir la nature soit douce et délicate, ça change !
Les protagonistes de cette histoire ont tous une identité particulière et un passé… lourd. Il y a en effet deux types profondément asociaux, capables tout simplement de commettre les pires horreurs ! Croyez-moi, la fin est tout droit sortie du cerveau d’un véritable psychopathe ! Pour ma part, j’ai accroché avec Octave, sa tronche lacérée, son côté manipulateur un brin pervers, bref vous l’aurez compris j’aime que certains personnages soient vraiment détraqués quand je lis des thrillers ! Personnellement, quand je sais que Sandrine Collette dit qu’elle puise dans son imagination pour inventer ses personnages, je trouve ça parfois peu rassurant ! 🙂
Pour ce qui est de l’histoire, tout s’enchaîne parfaitement, les rouages sont bien huilés, on tourne les pages, la tension monte, la peur est palpable, l’ambiance est anxiogène ! Tout ce que j’aime ! Ce que j’ai trouvé particulièrement intéressant c’est la manière dont l’auteure arrive à déstabiliser le lecteur, à lui faire se poser des tonnes de questions et à lui faire perdre ses certitudes en un claquement de doigt. Pour l’écriture, on retrouve la plume tranchante, acérée et crispante de l’auteure, vous l’aurez compris c’est du grand Sandrine Collette même si, pour les avoir presque tous lu, ce n’est pas celui que j’ai préféré.
Un bon roman noir si vous avez envie d’avoir froid jusque dans le bas des reins… après tout, avec la chaleur qui vient, cela peut s’avérer intéressant, non ?
