Chronique de Mon territoire, de Tess Sharpe.
« Des heures plus tard, une fois que la tronçonneuse est javellisée et que les produits chimiques désintègrent les restes de Tripp, je sors de la grange de Cooper pour vomir dans les buissons. Des mains pleines de cicatrices et de tatouages ramènent mes cheveux en arrière, et quand je me redresse, m’essuyant la bouche avec la paume de ma main, il baisse les yeux sur moi. »
Tess Sharpe, Mon territoire, Sonatine Éditions, 2019, p. 328.
Motivations initiales
Livre reçu dans le cadre du Grand Prix des lectrices Elle, dans la catégorie des policiers… N’ayant pas vraiment entendu encore parler de ce livre, je ne savais pas à quoi m’attendre…
Synopsis
« J’ai huit ans la première fois que je vois papa tuer un homme ». L’incipit de ce roman nous plonge déjà dans l’ambiance – noire – de ce livre. On découvre Harley McKenna, fille d’un baron de la drogue, que son père a élevée afin qu’elle soit prête à reprendre un jour l’empire familial. Mais le prix payé est élevé : elle a vu sa mère et son oncle se faire tuer, elle a appris à enlever la vie, elle a vu mourir. Pour la protéger, son père l’a maintenue entre les quatre murs de la propriété, lui a appris à faire disparaître un cadavre ou à s’échapper d’un coffre de voiture, à l’âge où les autres enfants jouent, apprennent à nager ou font leurs devoirs !
Mais elle est une fille. Et, dans ce milieu, ce n’est pas un avantage, car on n’est pas prise au sérieux. La seule solution, c’est de prendre en compte, dans l’équation, le fait que, pour les autres, les filles ne sont tout simplement pas capables. Et d’en tirer profit !
Alors Harley décide de fonctionner avec ses propres règles. Quel qu’en soit le prix !
Avis
> L’avis de C
Attention : coup de poing !
Voilà une histoire comme on n’en a jamais lu. Tout simplement. Cette Harley, élevée à la dure pour devenir chef de gang, et qui met finalement tout ce qu’on lui a appris au service de ses propres choix, c’est à la fois très malin et très efficace !
Et le plus malin, dans l’histoire, c’est que ce n’est pas seulement un livre d’action, même s’il y en a beaucoup. En effet, on partage également les pensées de l’héroïne, qui ne fait pas l’économie de se poser des questions. Place de la femme, transmission, amour, amitié… Qu’est-ce que nos parents nous transmettent ? Qu’est-ce que nous prenons de ce que nos parents nous donnent ? Quelle part de choix avons-nous ?
Dans sa construction, ce livre est assez classique : un chapitre sur deux est un flash-back, qui nous permet, petit à petit, d’accéder à l’histoire de Harley, aux travers des grands épisodes de son enfance, de son adolescence et de ses premières années d’adulte. Et un chapitre sur deux se déroule entre le 6 juin et le 16 juillet, période qui voit la prise de pouvoir par Harley.
S’il y avait une critique à faire à ce livre, ce serait le côté répétitif du démarrage de chaque chapitre de flash-back. En effet, il y a une petite trentaine de ces chapitres, qui commence pratiquement tous par « j’ai xxx ans ». Et, sur cette petite trentaine, on retrouve 7 ou 8 fois « j’ai xxx ans la première fois que… », et presque autant de fois « j’ai xxx ans lorsque… » ou « j’ai xxx ans quand… ». Cette façon de procéder fait répétitif, alors qu’il n’y a pas de doute sur le fait que l’on est dans le passé. Il me semble que varier davantage les formulations aurait été mieux. Mais bon, cela ne gêne pas non plus la lecture.
Alors ? Alors c’est un vrai bon livre, que je vous recommande chaudement !
Il m’attire de plus en plus ce roman. Merci pour cette belle chronique
J’aimeJ’aime
J’ai adoré ce livre. Les répétitions de forme au début des chapitre ne m’ont pas génés bien au contraire.
J’aimeJ’aime