Policiers, Roman, Roman noir, Thrillers

Le miroir des âmes

« Visqueux, le verre en fusion coula lentement au fond de la gorge ouverte en entonnoir. La silice fondue à mille cinq-cent degrés brûla tout sur son passage. Les lèvres, les dents, la langue, le palais, la trachée. Les chairs grésillèrent. Une odeur de viande carbonisée s’installa. »

Nicolas Feuz, Le miroir des âmes, Slatkine & Cie, 2018, p. 11.

Motivations initiales

Les romans policiers suisses, nous les avons découvert avec Marc Voltenauer. Alors lorsque l’occasion s’est présentée de découvrir le nouveau – et neuvième – roman de Nicolas Feuz, nous avons naturellement accepté. Merci Slatkine & Cie !

Synopsis

Alors qu’un attentat vient de faire de nombreuses victimes en plein cœur de Neufchâtel, le procureur Norbert Jemsen, blessé, reprend conscience… mais il a tout oublié. Qui il est, qui travaille avec lui, et sur quelles affaires. Pourtant, il va lui falloir retrouver rapidement la mémoire, car le Vénitien,  un tueur qui coule du verre de Murano dans la gorge de ses victimes, ou leur fait avaler du verre pilé, sévit depuis trop longtemps.

Ce dernier, d’ailleurs, s’en prend à un policier. Pour envoyer un message.

L’équipe du commissaire Kramer, d’ailleurs, est sur les dents. Mais quel est finalement le lien entre ce tueur, le Conseiller d’État Keppler, le Perla Blue, une maison de passe tenue par un albanais violent mais qui parvient à passer entre les mailles du filet ? Qui est le Vénitien et pourquoi sévit-il dans la région ? Qui sont les bons, et qui sont les méchants ? Toutes ces questions se révèlent d’une brûlante actualité…

Avis

> L’avis de T

Qu’attend-on d’un bon roman noir ? D’abord, qu’il soit efficace. Et, pour le coup, Le miroir des âmes est efficace : j’avais hâte d’arriver au dénouement, je n’avais pas envie de lâcher l’affaire ! Ensuite, que l’on ait un ou plusieurs twists, qui viennent remettre en question ce que l’on commençait à considérer comme acquis : ici aussi, on est servi. Personnellement, je n’ai pas vu venir LE truc – je ne dirai rien, pour ne pas spoiler -, et c’est très bien comme cela. Enfin, que toutes les pièces du puzzle s’assemblent de façon crédible à la fin. Et, à quelques pages de la fin, il y avait encore un point qui me turlupinait, mais j’ai finalement eu l’explication attendue. Donc, là aussi, parfait.

Vous l’aurez compris, j’ai vraiment aimé ce livre, que j’ai dévoré. La lecture en est très fluide, les chapitres, plutôt brefs, rythment bien la progression de l’intrigue. On entre dans l’histoire très vite, et on n’en sort qu’une fois le livre refermé.

Pour pinailler, j’ai quand même deux petits regrets – très petits ! -. Le premier, c’est que l’on sait finalement assez peu de choses sur les motivations du personnage mystérieux qu’est ce Vénitien. J’aurais vraiment aimé que, sans nous révéler qui se cache derrière ce personnage plus tôt, on en découvre davantage sur ce choix du verre. Je ne veux pas spoiler, donc je ne veux pas trop détailler les choses ici, mais il me semble que l’on aurait pu, à un moment où un autre du livre, passer davantage « sous le masque ». Peut-être y a-t-il de bonnes raisons qui empêchaient d’en dire trop sur son objectif réel, ou sur ceux de ses commanditaires, mais en apprendre plus sur sa psychologie m’aurait vraiment paru intéressant. D’où lui est venue cette idée de fondre du verre fondu dans la gorge de ses victimes ? Y a-t-il eu des coups d’essai ? Depuis quand pratique-t-il ? Quels sont ses ressorts psychologiques ?

Le deuxième est peut-être encore plus difficile à exprimer sans spoiler, mais je vais essayer. Le procureur Jemsen – dont, en passant, la mémoire revient très vite, fort opportunément, c’est presque trop beau -, finit par comprendre/apprendre qui est l’une des victimes de l’attentat. Et il sait avoir un rôle, voire une responsabilité directe, dans cette mort. Et cela ne semble absolument pas l’atteindre. Du point de vue de la psychologie, n’aurait-on pas pu attendre un peu plus d’empathie ? Au contraire, dans les derniers chapitres, il nous est décrit comme souriant, presque enjoué. Bon, peut-être le procureur Jemsen est-il appelé à devenir un personnage récurrent et explorera-t-on ces questions à l’avenir. Mais j’ai trouvé un peu étrange l’espèce de détachement dont il semble faire preuve…

En fait, ce qui résume le mieux mes très légères réserves, c’est que j’aurais volontiers passé un peu plus de temps avec plusieurs des personnages de ce livre. Avec Alba, avec le Vénitien, avec ce procureur Jemsen, ainsi qu’avec sa greffière, Flavie Keller, qui est également un personnage intrigant…

Je le redis cependant pour que ces quelques remarques ne donnent pas l’impression d’un avis en demi-teintes : j’ai vraiment apprécié cette lecture, qui donne envie d’aller se pencher sur les huit autres productions de l’auteur, dont la trilogie massaï, dont le héros, Mickaël Donner, apparait, si j’ai bien compris, dans cinq livres de Nicolas Feuz…

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4 réflexions au sujet de “Le miroir des âmes”

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