Chronique de Heresix, de Nicolas Feuz.
« Le 22 juillet 1210, les portes de Minerve s’ouvrirent aux croisés. Centre quatre-vingts parfaits refusèrent d’abjurer. Sur ordre de Simon de Montfort qui appliqua la sentence d’Amaury, ils furent brûlés sur un grand bûcher collectif dressé dans le lit de la Cesse, le premier d’un longue série. La légende rapporte que nombre d’entre eux se jetèrent volontairement dans les flammes et moururent sans crier. »
Nicolas Feuz, Heresix, Slatkine & Cie, 2021, p. 106.
Motivations initiales
Chez Slatkine, ils nous connaissent suffisamment bien, désormais, pour savoir que, quand un nouveau Nicolas Feuz ou un nouveau Marc Voltenauer sort, nous sommes impatients de les découvrir. Et en général, cela se termine par une enveloppe dans notre boîte aux lettres…
Synopsis
Quels liens peut-il bien y avoir entre la disparition d’une petite fille, dans un camping du Cap-d’Agde, le viol en réunion d’une jeune fille de 18 ans, l’incendie d’une boîte de nuit appartenant notoirement à un parrain du milieu et le corps tombé du ciel sur le toit d’une maison de Minerve, avant de tomber, une centaine de mètres plus bas, dans le lit de la Cesse ? Et avec la procession de six hommes énucléés, dont chacun a un mot gravé sur le torse, HERESIX ?
Quel rapport tout cela a-t-il avec la croisade des albigeois, et les atrocités auxquelles elle a donné lieu ?
C’est ce que vont devoir établir Solange Darrieussecq et Amélie Gasquet, les deux gendarmes, et Dominique Roustan, le ténébreux capitaine du SRPJ de Montpellier qui, le temps de l’affaire, se voit adjoindre Bernadette Lafargue pour l’assister, professeur d’histoire à l’université de Montpellier et spécialiste du catharisme.
Avis
Il y a des années comme cela, qui sont marquées du sceau d’un sujet qui revient comme une petite ritournelle. Et bien, cette année, de mon côté ce sont les Cathares, avec, en plus une petite touche du Cap d’Agde et de la Baie des Cochons… Il peut sembler ne pas y avoir vraiment de lien… et, je vous l’avoue, il m’aurait paru ténu, à moi aussi. Mais Heresix, de Nicolas Feuz est la synthèse de tout cela, comme un enfant illégitime qu’auraient eu ensemble Les enfants du Graal, de Peter Berling (ou Cathares 1198, d’Olivier Taveau) et Coups de vieux, de Dominique Forma.
La construction de ce roman noir – très noir ! – est particulièrement réussie. Tous les éléments semblent se mettre parfaitement en place… et, en effet, les pièces du puzzle sont bien installées. Mais justement, ce bel ordonnancement ne vise qu’à une chose : préparer la chute. Ça va à 100 à l’heure – même les enquêteurs n’ont pas le temps de se poser pour réfléchir au tourbillon dans lequel ils sont pris !
Dès le prologue, le sang coule. Dès le premier chapitre, sont mis en scène sexe et taser. Tous les pires instincts de l’espèce humaine sont convoqués ! Et l’on se doute que nous ne sommes pas au bout de nos surprises. Et je dois dire que l’idée de venir rajouter ce fond historique, qui aurait pu paraître un peu superficiel, est totalement maîtrisé par l’auteur.
Il y a des choses que je ne veux pas raconter, pour ne pas spoiler. Pour ne pas vous priver du plaisir de la découverte. Mais du coup, cela complique un petit peu le fait d’écrire une chronique… Quoi qu’il en soit, ne prenez pas cette brièveté pour ce qu’elle n’est pas : ce livre est un très bon Feuz !
Bref, voilà une vraie réussite. La seule bonne raison de ne pas lire ce thriller, c’est lorsque l’on ne supporte pas la violence, le sang qui coule et tout ce que la race humaine a inventé pour humilier, faire souffrir, nier, détruire l’autre. Mais tous ceux pour qui cela constitue une façon d’exorciser que de lire ce genre de livre, là, même un mot de vos parents ne sera pas toléré ! Allez, direction votre librairie préférée, et vite !

Totalement d’accord !
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