Policiers, Psychologique, Roman, Roman noir

Annabelle

Chronique d’Annabelle, de Lina Bengtsdotter.

« Elle allait prendre contact avec les services sociaux, pensa-t-elle en reprenant le chemin du motel. Elle allait prendre contact avec les services sociaux pour Sara. Mais ça ne changerait sans doute pas grand-chose. S’ils travaillaient encore comme à l’époque où elle-même aurait eu besoin d’eux, ça ne ferait pas vraiment de différence. Tout est quand même resté à peu près pareil, songea Charlie. Le temps a passé, mais rien n’a changé, au fond. »

Lina Bengtsdotter, Annabelle, Le Livre de Poche, 2020, p. 123.

Motivations initiales

Troisième livre de la sélection de mars dans le cadre du Prix des lecteurs du Livre de Poche, catégorie polar, occasion de découvrir une nouvelle auteure, dont c’est ici le premier roman. Cette fois, direction le grand Nord et la Suède, dont on connait les histoires âpres, glacées, sèches, sur l’os…

Synopsis

Annabelle a disparu. À Gullspäng, c’est la stupéfaction et l’abattement. La brigade criminelle de Stockholm est mobilisée, et Charlie Lager est envoyée sur place pour enquêter. Un vrai coup du sort pour celle qui a justement fui Gullspäng alors qu’elle avait seulement 14 ans, en se jurant de ne jamais y revenir…

Tout a changé, mais rien n’a changé. Et tout ce que Charlie avait cru laisser derrière elle va lui sauter à nouveau au visage. Parviendra-t-elle à mener de front l’enquête sur la disparition de la jeune fille et sa propre quête ?

Avis

C’est un polar, mais pas que. Ou pas du tout un polar, bien que des policiers soient impliqués. En fait, c’est surtout le personnage de Charline Lager, qui se fait appeler Charlie, qui sert de colonne vertébrale à l’histoire.

Le reste… eh bien le « reste » reste accessoire. L’intrigue avance doucement, mais essentiellement autour de Charlie. Ce qui nous intéresse, ce sont les états d’âme de Charlie. Ce qui tient le livre, en réalité, ce n’est pas de savoir ce qui est arrivé à Annabelle, même si, naturellement, nous avons envie de savoir, mais le véritable fond de tout cela, c’est « qui est Charlie ? » (ce qui nous change un peu des plus classiques « où est Charlie ? » et « Je suis Charlie »).

Mais il est probable que l’auteure suédoise ne soit pas au fait de ce possible quiproquo. Alors revenons au livre.

C’est sombre, c’est même à la limite du glauque, jusqu’à se vautrer réellement dedans. Les jeunes suédoises qui se mettent à boire et à coucher pour un peu de drogue vers 13 ans, les soirées arrosées qui se terminent en viol, la domination par l’argent et le pouvoir, l’alcoolisme rampant qui mène à tous les drames… on est loin de ce que nous vendent nos hommes politiques lorsqu’ils promeuvent la flexisécurité…

Le choc est frontal. Une société rurale qui est à peine accessible à ceux qui arrivent de Stockholm ; pouvoir, sexe, alcool, drogue, comme dans une société médiévale, le tout à la marge d’une société moderne. Et, surnageant comme elle le peut dans ce magma assez innommable, Charlie. Pour laquelle, du coup, on se prend d’intérêt, malgré ses défauts, son alcoolisme incontrôlé, ses accès de dénigrement. Comment pourrait-elle fait autrement ?

Alors, certes, on se dit dès le départ qu’il va falloir qu’elle affronte la réalité, et, notamment, celle de Gullspäng. Mais est-ce si certain que cela ?

Ce livre est un roman policier dans la forme, mais il se déguise en tellement d’autres choses… Du coup, probablement, tout le monde devrait pouvoir y trouver quelque chose à picorer. Et, de ce fait, il devient bien plus qu’un simple polar…

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