« Il faut bien comprendre l’affectivité qui porte l’intériorisation d’un tel système de croyance. Les nazis ont une approche extraordinairement angoissée du monde, constituée d’ennemis ligués qui veulent conduire l’Allemagne à sa perte en tant qu’État, que nation, mais aussi en tant qu’entité biologique ; les Français ont envahi la Ruhr avec des troupes de couleur, des tirailleurs sénégalais notamment, et il s’agit là, à leurs yeux, comme pour tous les compteurs de la Rassenschande (la honte noire), d’une atteinte fondamentale et délétère au patrimoine racial allemand. »
Johann Chapoutot et Christian Ingrao, Hitler, PUF, 2018, p.87.
Catégorie : Biographies & autobiographies
Charlotte
« Merci pour tes dessins. Ils sont naïfs, approximatifs, inaboutis. Mais je les aime pour la puissance de leur promesse. Je les aime car j’ai entendu ta voix en les regardant. J’ai ressenti une forme de perte et une incertitude aussi. Peut-être même l’esquisse d’une folie. Une folie douce et docile, sage et polie, mais réelle. Voilà. Ce que je voulais te dire. Nous sommes un très beau début. »
David Foenkinos, Charlotte, Folio, 2018, p. 104.
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Mémoires de Louis XIV ou le Métier de roi
« Et sur ce sujet, mon fils, de peur qu’on ne veuille vous imposer quelque fois par les beaux noms d’Empire romain, de César ou de successeur de ces grands empereurs, dont nous tirons nous-mêmes notre origine, je me sens obligé de vous faire remarquer combien les empereurs d’aujourd’hui sont éloignés de cette grandeur dont ils affectent les titres. »
Louis XIV, Mémoire de Louis XIV ou le Métier de roi, Éditions Tallandier, 2007, p. 92.
Je suis Jeanne Hébuterne
« – Tête ovale, nez droit et épaté à la base, lèvre supérieure en forme de cœur… Un visage encore poupin… Tu ressembles à mes divas italiennes. Montre-moi tes mains ! Puissantes, grosses, des mains de fermière. Mais les mots ne suffisent pas à dire qui tu es. Les mots ne suffisent pas… »
Olivia Elkaim, Je suis Jeanne Hébuterne, Éditions Points, 2018, p. 29.
La vie aventurée du professeur Prunelle
« Je suis venu voir mes parents, j’ai apporté quelques livres et si je parviens à m’organiser pour le travail je passerai quelque temps ici, étant obligé de publier cet hiver deux ou trois volumes, soit pour gagner quelque argent, soit parce que je suis dégoûté de cette boutique universitaire qui, ainsi que tant d’autres choses, va toujours de mal en pire et qu’en la quittant, je désire cependant qu’on me regrette. »
René Bourgeois, La vie aventurée du professeur Prunelle, Entre-Temps éditions, 2018, p. 28.
L’Embaumeur ou l’odieuse confession de Victor Renard
« Le cabinet Joulia-Renard prend soin de votre tournure pour réussir l’épreuve du passage des portes du Paradis : habillage, fardage, camouflage des plaies, vos défunts sont présentés coquets et gracieux devant l’éternel. »
Isabelle Duquesnoy, L’Embaumeur ou l’odieuse confession de Victor Renard, Éditions de La Martinière, 2017, p. 397.
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Mon suicide
« Les richesses sociales sont limitées en quantité ; le travail est fatigant ; l’être humain est condamné à vieillir et à s’affaiblir. Cela, on ne le changera pas. Ces trois conditions expliquent les convoitises du Pauvre et les précautions que prend le Riche pour que son coffre-fort ne soit pas ouvert avec effraction. Elles expliquent les lois que les hommes ont faites pour qu’il y ait dans la société un ordre durable. »
Henri Roorda van Eysinga, Mon suicide, Éditions de l’Aire, 1992, p. 21.
La princesse de Bakounine
« Au loin se détachent les cimes pointues et dépouillées de l’Epomeo, du mont Rotaro, de l’aiguille de Saint-Nicolas tandis que sur la droite s’ouvre la vallée, jalonnée de maisons entre les vignes et les oliveraies qui descendent vers Lacco Ameno. Par une nuit claire et étoilée, on aperçoit la petite plage, le ressac blanc des vagues et, au milieu de l’eau, « Il Fungo », cet étrange bloc de tuf vert érodé par la mer qui, au fil des siècles, lui a donné une forme de champignon. »
Lorenza Foschini, La princesse de Bakounine, Éditions de la Table Ronde, 2017, p. 88.
Bakhita
« Il y a des corps démembrés, brûlés, agonissant et gémissant dans de grandes flaques de sang. Il y a des chèvres errantes, des chiens qui pleurent et des oiseaux muets. Il y a des cases défoncées et des fourches à esclaves brisées, qui signent le passage des razzieurs. Le feu court encore de point en point. Il est la signature des négriers. »
Véronique Olmi, Bakhita, Albin Michel, 2017, p. 21.
Vous connaissez peut-être
« Le sujet, ce n’est pas seulement le chien Marvin ou pas seulement Lili. Le sujet, c’est Facebook et la promesse qu’offre les images. »
Joann Sfar, Vous connaissez peut-être, Éditions Albin Michel, 2017, p.76.
