« L’espace d’un court instant, Adi aperçut le monstre. Elle savait pertinemment que ce n’était qu’un homme portant un masque à gaz et des lunettes de vision nocturne, mais toute logique vola en éclats lorsqu’elle vit de ses yeux troubles la créature masquer se muer en un véritable monstre, des cornes se déployant sur son crâne, des griffes jaillissant au bout de ses doigts. »
Ellison Cooper, Rituels, le cherche midi, 2018, p. 265.
Étiquette : 2018
Les pleureuses
« Au final, qu’est-ce qu’une relation, sinon deux personnes, et entre ces deux personnes un espace de surprises, de malentendus, de choses inexpliquées. Une autre façon de le formuler serait peut-être de dire qu’il y aura toujours de la place entre deux personnes pour un imaginaire voué à l’échec. »
Katie Kitamura, Les pleureuses, Éditions Points, 2018, p. 59.
Les enfants frapperont-ils encore ?
« Camille haussa les épaules, prit son ton de youtubeur. Le livre illustrait la peur des parents d’être dépassés par leurs enfants, d’une part, et de les voir se retourner contre eux, d’autre part, par lassitude d’avoir été considérés uniquement comme des objets, voire des extensions d’eux-mêmes. »
Laure Catherine, Les enfants frapperont-ils encore ?, Éditions de l’Observatoire / Humensis, 2018, p. 132.
Darnand, le bourreau français – T. 2
« Allons, ne soyez pas condescendant. À force d’élaborer des stratégies alambiquées, vous en oubliez souvent les hommes censés les exécuter. Servaz n’a aucune chance de s’en sortir. »
Patrice Perna, Fabien Bedouel, Darnand, le bourreau français – T. 2, Rue de Sèvres, 2018, p. 7.
Nos richesses
« Ils racontent que nous croyons à toutes sortes de superstitions, que nous sommes pittoresques, que nous vivons en tribus et qu’il faut se méfier de nous. On s’agace de la nuée de petits enfants qui se collent aux passagers des bateaux pour tenter de porter les valises et de gagner quelques pièces. On prend en photo les premières promotions indigènes des élèves-maîtres de l’École normale. »
Kaouther Adimi, Nos richesses, Éditions Points, 2018, p. 27.
La fraternité
« Depuis toujours, je rêvais d’avoir des amis, de faire partie d’un cercle, et ce rêve était devenu réalité par le biais d’une imposture. Alex m’avait dit que je devais élucider un crime au Pitt Club. Certains membres de ce club étaient bizarres quand ils parlaient de femmes, comme s’ils n’avaient pour elles que du mépris, mais le plus bizarre, pour moi, c’était les femmes qui le savaient et venaient quand même aux soirées. »
Takis Würger, La fraternité, Slatkine & Cie, 2018, p. 97.
Prodiges et miracles
« En général, la place demeurait déserte, hormis les oiseaux gris et mauves, une petite volée agglutinée sur l’unique banc, une espèce dont le chant évoquait tout à fait la mélodie qu’un vétéran de la guerre de Sécession pourrait fredonner machinalement. Les boutiques donnant sur la place observaient le même air endeuillé, leurs vitrines sombres masqués par des stores crasseux, les commerces vidés de toute vie ; il y avait un troquet où trois clients s’étaient fait descendre près d’une décennie plus tôt, les taches de sang et les silhouettes des corps tracés à la craie étaient devenues indélébiles et marquaient à jamais la gargote du sceau de ce drame sordide digne d’un polar au rabais… »
Joe Meno, Prodiges et miracles, Agullo Éditions, 2018, p. 45.
Les enquêtes de Nicolas Le Floch – T. 1 L’énigme des Blancs-Manteaux
« Enfant trouvé, sans aïeux et sans fortune, j’ai été recommandé à M. de Sartine par mon parrain, le marquis de Ranreuil. Depuis, tout s’est enchaîné sans que j’intervienne de mon propre chef, sinon par mon zèle à remplir avec soin les tâches que l’on attendait de moi… »
Dobbs, Chaiko, Les enquêtes de Nicolas Le Floch – T. 1 L’énigme des Blancs-Manteaux, Hachette Livre 2018, p. 45.
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Un fils parfait
« Il m’a prise dans ses bras et nous avons fait l’amour ce soir-là. J’en suis encore poisseuse et j’ai chaque jour honte d’avoir cédé à ses avances quoi, deux heures après que ma fille m’avait prévenue que son père était un malade, un pervers, un détraqué. Je ne l’ai pas crue, et j’ai couché avec le diable. Le pacte germano-soviétique, juste après Munich. Je ne me le pardonnerai jamais. »
Mathieu Menegaux, Le fils parfait, Éditions Points, 2018, p.54.
Le miroir des âmes
« Visqueux, le verre en fusion coula lentement au fond de la gorge ouverte en entonnoir. La silice fondue à mille cinq-cent degrés brûla tout sur son passage. Les lèvres, les dents, la langue, le palais, la trachée. Les chairs grésillèrent. Une odeur de viande carbonisée s’installa. »
Nicolas Feuz, Le miroir des âmes, Slatkine & Cie, 2018, p. 11.
