Essai

S’engager en historienne

Chronique de S’engager en historienne, de Michelle Perrot.

« Un historien, arrimé à un temps dont il est le témoin, revendique la longue durée, le grand espace. Il voudrait en déplacer les frontières, en saisir le sens. »

Michelle Perrot, S’engager en historienne, CNRS Éditions, 2024, p. 62.

Motivations initiales

L’histoire d’une grande dame du monde de la recherche et de l’enseignement supérieur, sans aucun doute un livre à lire absolument !

Synopsis

Michelle Perrot est historienne et professeure émérite des universités. Elle est l’une des pionnière a avoir mis en place des cours sur les femmes et notamment sur leur histoire.

Pourtant, ses thématiques de recherche dépassent le sujet des femmes. Initiée par son maître Ernest Labrousse à l’histoire du mouvement ouvrier et à l’étude des grèves du XIXe siècle, Michelle Perrot s’est également intéressée à l’histoire des prisons et à la question de la vie privée et intime.

L’historienne, qui n’aime pas trop parler d’elle, nous dévoile enfin une partie de sa vie, pour notre plus grand plaisir ! 

Avis 

Ce qui amène Michelle Perrot à l’Histoire, c’est la guerre… En effet, lorsque la Seconde Guerre mondiale éclate, elle a une dizaine d’années et elle ne cessera de dire que « cette période l’a profondément marquée », alors qu’elle voyait un monde disparaître.

Son parcours incroyable, placé sous le signe de la réussite aux côtés de son maître Ernest Labrousse,  a de quoi étonner. Pionnière, elle lance, à Jussieu, un cours sur l’Histoire des femmes. Travailleuse acharnée, elle ouvre en parallèle un chantier de recherche sur le monde des prisonniers. 

On retiendra, de ce petit ouvrage, la richesse des réflexions qui apparaissent au fil des pages. Alors certes, certains diront qu’elle a été « au bon endroit au bon moment » pour avoir cette carrière mais moi je préfère dire que c’est sa capacité d’analyse si pointue qui lui a permis de se faire une place aux côtés des plus grands historiens de son époque. 

C’est court, intense, brillant, captivant et c’est un ouvrage à mettre entre les mains de ceux qui doutent de l’apport de l’Histoire dans notre société et pensent que c’est une discipline qui se veut moraliste.  

Rigoureuse, pionnière, cette grande dame fait partie de celles « qui voient ce qui est invisible » c’est-à-dire ce qui est en marge ou à la marge. Sa modestie se ressent au travers de ce petit ouvrage mais au final, ne serait-elle pas un modèle pour beaucoup d’entre nous ?

Pour en savoir plus

Retrouvez la présentation de ce livre sur le site de l’éditeur.

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