Drame, Roman

Le Bâtard de Nazareth

Chronique de Le Bâtard de Nazareth, de Metin Arditi.

« Dénigrer sans cesse la Loi des Juifs ajoutait à son sentiment de culpabilité. Avait-il raison d’être aussi intransigeant ? Grâce à leur Loi, les Juifs avaient survécu à l’exil auquel les avait soumis Nabuchodonosor. Elle leur avait permis de reconstruire le Temple qu’il avait détruit. Des Lois dures, faites pour un peuple fort et fier… Des réflexions qui l’incitaient à ne rien faire pour changer l’ordre établi… Et voilà qu’au lieu d’atténuer sa rage, ce sentiment de culpabilité la nourrissait. »

Metin Arditi, Le Bâtard de Nazareth, Éditions Points, 2024, p. 55.

Motivations initiales

Ma libraire en parlait tellement bien, vous savez, avec des petites étincelles dans les yeux, que je n’ai pas pu résister. Je cherchais un livre de poche qui sorte de l’ordinaire et qu’on ne croiserait pas partout… Moi qui ne suis pas vraiment adepte des ouvrages sur la religion, je vous avoue que j’ai entamé cette lecture un peu sur la réserve.

Synopsis

Deux jeunes enfants jouent dans la rue et finissent par se disputer. Le jeune Samuel insulte Jésus et le traite de mamzer. Jésus, qui n’a aucune idée de ce que signifie ce mot, pose la question à ses parents, mais ceux-ci éludent, en disant simplement qu’un mamzer est un enfant dont les parents ne sont pas mariés. 

Mais la réalité est bien plus dure… À Nazareth, tout le monde sait que Marie a été abusée par un légionnaire romain. Depuis, elle est considérée comme une pestiférée, personne ne lui adresse la parole et elle est méprisée. Mais cela n’a pas empêché Joseph de l’épouser malgré tout.

En grandissant, Jésus comprend que, quoi qu’il fasse, il sera, comme sa mère, toujours exclu de sa communauté. En effet, telle est l’exigence de la loi juive au sujet des bâtards. Secoué par tant d’injustice, Jésus veut réformer cette règle d’exclusion et ira se présenter devant les docteurs de la loi. 

Avis 

Ouvrir ce livre, c’est accepter de laisser le dogme religieux derrière soi. Ici, nous sommes bien loin de ce que nous a appris la religion catholique. Ici, Jésus n’est pas le fils de dieu, mais un homme épris de justice, parfois guérisseur, doté d’un grand charisme. 

Quelle audace de la part de Metin Arditi de revisiter l’histoire de Jésus et celle de l’un de ses compères, Judas. Bien entendu, de grands épisodes de la vie de Jésus sont retracés : sa présentation aux docteurs de la loi, son sermon sur la Montagne, la multiplication des pains, les quarante jours dans le désert… 

Cette histoire a des allures d’uchronie et peut choquer certains d’entre nous. Mais disons-le, le but de l’auteur n’est pas de faire polémique, même pas de choquer. Il invite en fait son lecteur à revisiter l’Histoire et croyez-moi, entre chaque chapitre, on se met à supputer-envisager-penser que, finalement, il pourrait après tout s’agir de la réalité des faits qui se sont produits. J’ai adhéré et tourné les pages avec frénésie… 

Ce roman est rempli d’humanité, de lumière et d’amour – amour de son prochain, amour filiale -. La plume de l’auteur est extrêmement délicate, les mots sonnent justes et donnent plus de profondeur à cette uchronie. Ce livre est un cri de colère contre l’injustice, l’exclusion et contre la place laissée au féminin dans une société aux mains des hommes. 

Le Bâtard de Nazareth est une de ces lectures qui se vit et ne se raconte pas. Je ne peux que vous inviter à vous laisser tenter. 

Une lecture choc qui, je n’en doute pas un instant, résonnera longtemps en moi. Bravo Monsieur Arditi !

Pour en savoir plus

Retrouvez la présentation de ce livre sur le site de l’éditeur.

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