Bandes dessinées, Historiques

Voltaire très amoureux

Chronique de Voltaire très amoureux, de Clément Oubrerie.

« – Vous êtes une sainte.

– Hmmm…, sur vos lèvres, cher Voltaire, est-ce vraiment un compliment ? Vos lèvres… qui ont formulé tant de brillantes saillies… Tant de vers bouleversants… Vos lèvres… »

Clément Oubrerie, Voltaire très amoureux, 2019, Les Arènes, p. 66.

Motivations initiales

Nous avions adoré le précédent tome et nous attendions la sortie de celui-ci avec une impatience folle !!! Une fois encore, on remercie les Arènes pour l’envoi de cette BD et pour leur confiance !

Synopsis

Alors que Voltaire continue d’osciller entre succès et échecs, entre gloire et embastillement, entre hauts et bas, la jeune Emilie du Châtelet trompe son ennui – en même temps que son mari -, en traduisant l’œuvre d’Isaac Newton et en fréquentant les salons. Se croisant par hasard, ils se découvrent un goût commun pour la pensée, la philosophie, les sciences… Voltaire, a déjà 40 ans, y retrouve également une ardeur de jeune homme…

Mais alors que sa nouvelle pièce, Zaïre, est un succès, ses deux nouveaux ouvrages, Les lettres philosophiques et Le temple du goût, font polémique. Il suffit alors qu’il soit partie prenante d’une histoire de trafic à la loterie mis sur pied par La Condamine et Forcalquier pour que Maurepas le fasse rechercher. Voltaire ne peut rester à Paris…

Avis

> L’avis de C

Le tome 1 avait été une agréable surprise et j’avais hâte de tenir entre mes mains le second tome mettant en scène un Voltaire qu’on ne connait pas tellement et qui sort des sentiers battus !

Autant vous dire que je n’ai pas pu attendre longtemps avant d’ouvrir l’album ! Déjà, je dois dire que visuellement c’est très réussi ! Les couleurs utilisées sont sublimes et ce que j’aime également c’est lorsque nous ouvrons l’ouvrage, nous avons l’impression d’ouvrir un livre typique du XVIIIe siècle ! Bref sur le plan visuel c’est un sans faute et on ne peut qu’être conquis…

Et le contenu alors ? De la bombe ! Cet album met en scène notre cher Voltaire – un des personnages du XVIIIe que j’adore – et également Emilie du Châtelet – sûrement une des femmes les plus marquantes de l’Ancien Régime ! J’ai énormément apprécié la façon dont l’auteur nous plonge – à petite dose – dans le Paris artistique de la fin de la monarchie mais également dans la sphère scientifique où résonnent les noms de Descartes et Newton.

Deuxième argument de choc qui ne peut que séduire : la romance qui unit Voltaire et la jeune Emilie. Voltaire a presque quarante ans quand il rencontre Madame Du Châtelet qui est dans la fleur de l’âge – elle n’a même pas trente ans. Au-delà de l’histoire d’amour qui les rassemble, c’est également – et peut-être même avant tout – une relation intellectuelle qui se met en place : les deux êtres veulent laisser une trace dans le monde.

Bref je ne vais pas vous noyer de détails historiques car Clément Oubrerie le fait tellement bien ! Il met en lumière une relation peu connue du grand public et il rend un bel hommage à Emilie du Châtelet, en la plaçant à la même hauteur que Voltaire qui l’a décrivait de cette façon « Tout en elle est noblesse, son attitude, ses goûts, le style de ses lettres, sa manière de parler, sa politesse… Sa conversation est agréable et intéressante. »

Ne réfléchissez pas, courez vous procurer ce second tome ! Pour ma part, j’ai déjà hâte que le troisième opus sorte !

> L’avis de T

Il est toujours intéressant de pouvoir découvrir les grands hommes au travers de leur parcours. Et on découvre ici un Voltaire qui me semble assez peu connu : un homme ombrageux, facilement acide, trouvant beaucoup à redire de tous ceux qu’il juge médiocre – c’est à dire, concrètement, l’essentiel de ses contemporains. Ainsi qu’il le dit lui-même à Emilie du Châtelet, Corneille, Racine, Rousseau et bien d’autres ne trouvent pas grâce à ses yeux.

Mais cet homme aigri est soucieux de se retrouver seul – désespérément seul – alors que la vieillesse le rattrape. Et la rencontre avec Emilie du Châtelet, en qui il reconnaît une égale au plan intellectuel, le ramène également dans la vie.

Oui, il nous apparait transi d’amour, un peu jaloux mais en même temps tellement éperdu d’amour et surpris que cette jeune beauté lui accorde seulement un regard… En un mot, humain. À son contact, la carapace dont il s’est longtemps protégé s’effrite. Et il en devient touchant.

C’est, en plus, une période de la vie de Voltaire que l’on connait assez peu – pour ma part, je l’ignorais absolument, en tout cas. Le travail de recherche effectué par Clément Oubrerie a donc l’intérêt de nous faire découvrir un personnage important dans l’histoire de France, dans sa complexité.

Le seul bémol, de mon point de vue : le dessin. Pas des couleurs, attention, qui sont judicieusement employées pour distinguer facilement les « flashbacks ». Mais le dessin, auquel, pour ma part, je n’accroche pas du tout. Ou, plus exactement, autant les scènes de loin, les paysages sont plutôt réussis, autant ce sont les gros plans et les personnages qui ne me plaisent pas… Mais, bon, l’histoire rattrape cela !

Alors ? Alors vivement le tome 3. Et n’hésitez pas à (re)découvrir Voltaire !

IMG_2091

 

 

 

 

 

 

 

1 réflexion au sujet de “Voltaire très amoureux”

Laisser un commentaire