Aventures, Heroic fantasy

Haute-École

Chronique de Haute-École, de Sylvie Denis.

« – De nos jours, les couples de magiciens sont certes rares. Cela tient au fait que les deux Écoles, filles et garçons, sont séparées, et aux précautions que prennent leurs maîtres pour ne pas les laisser ensemble de peur qu’ils ne se liguent contre eux. On n’a jamais étudié ce qui se passerait si l’on permettait à des couples de produire autant d’enfants que la nature le permet. »

Sylvie Denis, Haute-École, Librairie l’Atalante, 2004, p. 46.

Motivations initiales

Quand vous allez aux Utopiales, vous vous retrouvez forcément, à un moment ou à un autre, face à la – remarquable – collection des livres édités par l’Atalante. Guy Gavriel Kay, Andreas Eschbach, Régis Goddyn, Vincent Gessler… Mais il reste forcément toujours des auteurs à découvrir. Et, pour cette fois, c’est sur Sylvie Denis que mon choix s’est porté, avec ce Haute-École.

Synopsis

Le vieux roi Urbain III se meurt. Avant même de convaincre son fils et successeur, appelé à régner sous le nom d’Orhgon IV, Hérus Tork doit avant tout accéder à la tête de l’école. En quelques semaines, le vieux Mérot, malade, s’éteint ; son premier adjoint meurt lors d’un curieux accident de cheval ; le deuxième adjoint contracte alors, fort opportunément, une fièvre maligne. Ainsi, en quelques semaines, Hérus Tork, le troisième adjoint prend-il la tête de Haute-École.

Et il n’a qu’une hâte : innover, et renforcer encore le pouvoir de cette institution qui forme – en les privant de toute volonté et en détruisant leur individualité – les magiciens du royaume. Repérés tout jeunes par les Chasseurs, ceux-ci sont regroupés à l’école, où leurs instructeurs les brisent, pour qu’ils puissent être employés sans crainte comme Éclairants – chargés de créer de la lumière -, Pousseurs – pour déplacer des charges -… en fonction de leurs dons initiaux.

Mais c’est sans compter avec les quelques magiciens libres qui ont formé un réseau qui couvre tout le pays, et avec un groupe d’humains rebelles, qui sont surtout préoccupés de déposer le pouvoir en place. Parviendront-ils à trouver un terrain d’entente ? Et trouveront-ils un moyen pour battre Hérus Tork, aux pouvoirs terrifiants ?

Avis

> L’avis de T

C’est simple, j’ai adoré ce livre. Cette idée selon laquelle les magiciens seraient chassés, brisés et exploités est déjà assez originale, mais elle est, en plus, très intéressante. En effet, il s’agit d’une façon de montrer que la différence fait peur – et dieu sait s’il s’agit d’un thème d’actualité dans notre société… -. Et la peut rend agressif, on le sait avec l’étude des animaux, qui, lorsqu’ils se sentent en danger, on tendance à attaquer. Ainsi, dans l’univers imaginé par Sylvie Denis, dans le royaume d’Urbain III, on les traque pour en faire des « ressources » pour l’économie, alors que, dans le royaume voisin, on les tue, sans autre procès !

Ce qui est également assez malin, c’est que Sylvie Denis n’est pas manichéenne. Parmi les magiciens « libres », qui ont réussi à échapper aux Chasseurs, il n’y a pas que des héros sympathiques. Mais on retrouve des jalousies, des oppositions, des incompréhensions… Bref, tout cela est très crédible.

Les personnages sont d’une grande profondeur. Raoul des Crapauds est un magicien libre qui semble ne pas savoir quoi faire de son don un peu bizarre… il sait se faire comprendre des animaux, et, en particulier, des poissons, des grenouilles et des crapauds. Arik Renshaw, pour sa part, est le favori du roi, mais ce personnage est aussi bien davantage que cela.

Et puis… et puis on retrouve dans ce livre une « figure » mythologique qui, pour une raison que je ne chercherai pas à expliquer, m’intéresse tout particulièrement. L’un des personnages se retrouve confronté à la nécessité, s’il veut contribuer à changer le monde, de renoncer à sa vie, pour accéder à un autre statut. Et, pour cela, il doit se fondre dans l’Arbre qui marque la frontière entre le monde des humains et ce qui pourrait être le monde des dieux.

Cette figure, on l’a vue déjà dans Game of thrones, avec le personnage de Bran, mais aussi dans La tapisserie de Fionavar, de Guy Gavriel Kay – un de mes livres fétiches. Et je trouve que le traitement qu’en fait Sylvie Denis est tout à fait réussi.

Alors ? Alors n’hésitez pas à découvrir ce livre si vous ne le connaissez pas encore…

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