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Le syndrome de la dictature

Chronique de Le syndrome de la dictature, de Alaa El Aswany.

« Une recherche publiée en 2017 par Freedom House sur la base de la Déclaration universelle des droits de l’homme montre que, sur les 195 États couverts par cette étude, l’on compte 87 pays libres, 49 non libres et 59 partiellement libres. Sur une population mondiale de 7,4 milliards d’habitants, seulement 39% jouissent d’une complète liberté, alors que 36% sont privés de libertés et 25% bénéficient d’une liberté partielle. »

Alaa El Aswany, Le syndrome de la dictature, Actes Sud, 2020, p. 23.

Motivations initiales

Par pur hasard, j’ai entendu une interview de cet homme sur le web… Je ne le connaissais pas. J’ai rapidement découvert qu’il était poursuivi par le tribunal militaire égyptien pour son roman Et j’ai couru vers le Nil. En farfouillant un peu sur la toile, j’ai vu que le grand Gérard Collard – aka le célèbre libraire de la Griffe Noire – parlait de son dernier essai et en disait du bien…

Synopsis

Depuis le début du XXème siècle et jusqu’à aujourd’hui, autant en Occident qu’en Orient, on a vu s’installer, dans des situations diverses, des dictatures. De l’Allemagne à la Roumanie, de Centrafrique jusqu’à Haïti, des démocraties ont été secouées et remplacées par des dictatures.

Le point commun de ces pays ? Un homme qui concentre tout les pouvoirs entre ces mains, qui bride le peuple, réduit l’opposition à néant, qui met – parfois – en place un culte de la personnalité et qui n’oublie surtout pas de museler la presse.

Dans cet essai très pointu, l’auteur s’attelle à montrer aux lecteurs que la dictature est une maladie et que pour la comprendre, il faut examiner l’émergence de ces régimes et les complications qui s’ensuivent.

Avis

J’ai eu la sensation de m’être fait broyer les os en refermant ce livre. Je ne sais pas comment l’expliquer, je ne sais pas comment cela se fait mais lors du dernier paragraphe, j’ai eu la chaire de poule, les jambes coupées et le souffle court. Pourtant c’est un essai et non un polar gore !

Alors pourquoi ? Pourquoi j’ai pris un uppercut ? Pourquoi j’ai eu cette impression ? Tout simplement parce que je ne conçois pas qu’un homme puisse prendre un tel ascendant sur des millions d’autres, à son seul profit !

Ce qui m’a le plus épaté dans la démonstration de l’auteur sur le sujet de la dictature, c’est sa capacité à disséquer son sujet comme un véritable cadavre. En effet, Alaa El Aswany n’hésite pas à décortiquer chaque aspect, chaque recoin, chaque circonstance, chaque complication de la dictature. A la manière d’un médecin légiste, il nous livre ici une brillante autopsie de la dictature.

Bien que ce livre soit une critique de la dictature égyptienne, on brosse toute la carte du monde avec des exemples que nous ne connaissons pas… Par exemple, vous saviez que Bokassa admirait tellement Napoléon qu’il s’est fait sacrer empereur avec l’aide des français – grassement payés – pour avoir un sacre du même acabit que celui de Bonaparte ?

Ce que l’on apprend dans ce livre fait peur… Car certes la dictature est une maladie mais pour qu’elle s’installe, il faut que le peuple l’accepte et renonce à ses droits et à la liberté ! L’auteur maitrise tellement son sujet qu’il n’hésite pas à réemployer les thèses de La Boétie et à venir appuyer le fait que les peuples se sentent en danger et attendent donc un héros pour se protéger – le dictateur.

C’est captivant mais flippant, c’est simple à lire mais en même temps nos neurones chauffent. Bref c’est un essai qu’il faut absolument lire car c’est un cri d’alerte mais également d’espoir que l’on ouvre tous les yeux…

Si jamais je t’ai perdu en route, ami lecteur, et que tu n’es pas convaincu par ma chronique, peut-être seras tu davantage sensible à Monsieur Gérard Collard, alors regarde donc ceci : https://youtu.be/sUdNnWkOmLs !

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