Aventures, Conte, Policiers

Un œil bleu pâle

Chronique de Un œil bleu pâle, de Louis Bayard.

« Oh, n’allez pas croire que je me livrai sans scrupule à cet acte d’espionnage perfide à l’encontre de ma bien-aimée. Plus d’une fois je décidai fermement de les abandonner à leur colloque. Cependant ces bonnes résolutions se heurtaient aux obligations que j’ai contractées, envers vous monsieur Landor, comme envers l’Académie. C’est donc en votre nom que je persévérai. Pour cette raison aussi – et non sous l’emprise d’une inconvenante curiosité -, j’aurais sans doute regretté que mon arbre ne fût planté plus près d’eux. »

Louis Bayard, Un œil bleu pâle, le cherche midi, 2023, p. 381.

Motivations initiales

Une nouvelle lecture dans le cadre de la TeamThriller du cherche midi, occasion de découvrir un nouvel auteur. Qui est donc ce Louis Bayard qui, pour son roman qui se déroule en 1830, convoque Edgar Allan Poe ? Voilà qui est bien mystérieux, et, disons-le, tout à fait stimulant…

Synopsis

1830. L’Académie de West Point, qui n’est pas encore l’une des académies militaires les plus prestigieuses des États-Unis, est dirigée par le colonel Thayer, qui en est le surintendant. Mais quand un des élèves officiers se suicide et que sa dépouille, après avoir disparu, est retrouvée profanée, le cœur arraché, le colonel craint de voir ses opposants se déchaîner.

Pour garder la main, il décide de diligenter lui-même une enquête, et la confie à Gus Landor, un inspecteur en retraite réputé. Celui-ci s’adjoint les services d’un des élèves officiers, Edgar Allan Poe.

Mais l’enquête est complexe. Le suicide n’en est peut-être pas un ; le cœur a peut-être été retiré dans le cadre d’un rituel ; l’institution militaire n’est jamais totalement transparente… Gus Landor et Edgar Poe sauront-ils faire la lumière sur cette sombre histoire ?

Avis

Je vais le dire un petit peu brutalement. Ce livre avait tout pour me plaire – l’histoire, le sujet, le contexte historique, la présence d’Edgar Poe, convoqué comme l’un des personnages de ce drame… -, mais à aucun moment je n’ai eu l’impression d’être réellement « dedans ».

Et si, vraiment, les 30 dernières pages sont vraiment très bien trouvées, j’ai dû batailler avec les 650 qui précèdent. La proportion, forcément, au moment d’écrire cette chronique, ne joue pas en faveur de ce livre…

Ce n’est pas tant la construction du livre qui m’a posé difficulté. Pendant les 250 premières pages, on suit « le récit de Gus Landor » (c’est l’intitulé de la plupart des chapitres, avec, en général, l’indication d’une date), avec, parfois, intercalées, une lettre de Landor ou la réponse d’un de ses interlocuteurs. Puis, à partir de la page 250, « le récit de Gus Landor » alterne avec les « rapport[s] d’Edgar Poe à Gus Landor ».

Sur la forme, pas de souci particulier, on suit l’affaire de façon relativement linéaire. Pas de problème. En revanche, j’ai trouvé le style extrêmement décalé. Désuet. Voire suranné. Je ne sais pas si c’est le choix de l’auteur, si c’est amplifié par la traduction. Peut-être est-ce volontaire et assumé, dans une double volonté de coller à l’époque (1830, je le rappelle) et/ou de rester dans la veine d’Edgar Poe (je n’ai pas lu beaucoup de Poe, et surtout en cours d’anglais, notamment la nouvelle The tell-tale heart). J’ai eu par moment le sentiment que l’auteur voulait réutiliser la forme un peu « gothique » – je ne sais pas comment la définir autrement – de ces textes un peu mystérieux, un peu ésotériques, sombres, mortuaires, de Poe. Quoi qu’il en soit, j’ai par moments trouvé que la volonté de « faire mystérieux » était assez lourde, et très délayée.

Certains passage sont carrément obscurs pour moi. Je ne sais pas ce que l’auteur veut dire, et je reste imperméable à certaines des images employées. Je prends un exemple :

« J’étais sur le point de répondre quand je me figeai. Un changement venait de se produire. Pas tout d’un coup, non. Ce furent d’abord ses yeux, bouillant dans leurs orbites. Puis ses joues se firent blanches comme le sucre et sa bouche s’ouvrit comme un piège à ours ».

Les yeux bouillants dans leurs orbites ? Brûlants, j’aurai peut-être mieux compris mais là, je ne sais pas. Les joues qui se font blanches comme du sucre ? La bouche comme un piège à ours ?

Et juste cinq lignes plus loin :

« Un rugissement de fond de gorge – sa bouche n’avait rien dit, mais l’air devant celle-ci parut se briser comme une vitre dont les tessons tournoyèrent sur eux-mêmes ».

Bref, c’est ce que l’on appelle un passage à travers… Par contre, je jetterai un œil sur la série éponyme, voir quel traitement a été fait de ce texte ! Parce que la trame du récit reste maline…

Pour en savoir plus

Retrouvez la présentation de ce livre sur le site de l’éditeur.

1 réflexion au sujet de “Un œil bleu pâle”

  1. Je ne savais pas qu’il y avait un livre – au début, je croyais que tu parlais du film Netflix ! Dont j’ai eu un retour très bon, un autre mauvais. Il faudra que je me fasse un avis sur le sujet car ça me tente bien, mais je pense faire l’impasse sur le livre.

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