Dystopie, Roman

Dès que sa bouche fut pleine

Chronique de Dès que sa bouche fut pleine, de Juliette Oury.

 « Elle se disait que dans l’intimité qu’ils construisaient au quotidien, amoureusement, un appétit profond pourrait malgré tout déployer ses racines, et un jour les enflammer à nouveau. »

Juliette Oury, Dès que sa bouche fut pleine, Flammarion, 2023, p. 36.

Motivations initiales 

Lors de la rentrée littéraire de septembre 2023, ce livre avait immédiatement attiré mon attention. Le titre un peu aguicheur et le résumé sur la quatrième de couverture avaient fait l’affaire… et hop, un livre de plus dans ma PAL !

Synopsis 

Lætitia est en couple avec Bertrand et tout semble aller pour le mieux dans sa vie. Elle partage ses journées entre son job et ses amis avec qui elle a des séances de banquette – c’est le sexe – torrides. Comme les gens bien dans cette société, le jeune couple ne cuisine plus et mange uniquement des barres pour ses sustenter… Mais quelque chose consume cette vie paisible , Lætitia a faim, une faim irrépressible et grandissante qu’elle ne sait comment gérer… 

Avis 

Bienvenue dans une société où la place du sexe et de la nourriture sont inversés. Si le sexe est partout et, surtout, partagé socialement – pause masturbatoire entre collègues le midi, rapport sexuel quotidien en écoutant les informations à la radio à sept heures du matin -, la nourriture, elle, relève de l’intime et de la sphère privée. Dans les magasins, les denrées sont dissimulées derrière un rideau, qui délimite un espace strictement réservé aux adultes… Il faut avouer que l’univers mis en scène par Juliette Oury désarçonne quelque peu lorsque l’on entame la lecture de son roman. 

Et puis très vite, les mots deviennent limpides, les phrases résonnent. Dans ce livre on ne mange pas, on baise. Pourquoi ? Eh bien, précisément, pour briser les tabous du sexe ! Dans cette histoire, l’inversion des rôles permet une véritable quête du désir, de l’affranchissement du regard des autres et surtout de devenir pleinement soi. C’est truculent ! 

Il en faut de l’audace et du talent pour mener à bien une telle dystopie. Juliette Oury réussit ici un vrai tour de force. Si l’on sait depuis longtemps les similitudes entre désir et appétit, entre nourriture et sexualité, avec un lien intrinsèque entre les deux, jamais je ne les avais vus ainsi mis en évidence. C’est brillament écrit, c’est percutant et ça permet de décaler son regard, d’observer notre rapport au sexe et à la nourriture sous un œil totalement novateur. 

Une pépite à mettre entre toutes les mains et une auteure à suivre !

Pour en savoir plus

Retrouvez la présentation de ce livre sur le site de l’éditeur.

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