Aventures, Roman

L’Alliance de la Genèse

Chronique de L’Alliance de la Genèse, d’Andy McDermott.

« C’était un homme, sculpté dans le même style monolithique tout en longueur que les statues à l’extérieur, mais à une échelle nettement plus grande. Son bras droit pendait sur le côté, tenant ce qui ressemblait à une faucille. Il tendait son bras gauche vers le centre de la salle, paume vers le haut, comme s’il semait des graines. »

Andy McDermott, L’Alliance de la Genèse, Bragelonne, 2021, p. 301.

Motivations initiales

Quatrième aventure de Nina Wilde, archéologue, et d’Eddie Chase, son compagnon, ancien garde du corps du SAS, ce livre a, a priori, tout pour me plaire. Alors lorsque je l’ai vu dans le catalogue de Bragelonne, je n’ai pas hésité, et j’ai demandé à le recevoir…

Synopsis

À l’occasion d’une plongée sous-marine au large de l’Indonésie, l’équipe de Nina Wilde découvre des vestiges qui donnent à penser que, voilà 100 000 ans, une communauté disposait d’une technologie et d’une écriture inconnue, remettant en question beaucoup de certitudes historiques.

Et à peine a-t-elle sollicité quelques experts, l’expédition est attaquée. Nina et Chase s’en tirent de justesse, mais pratiquement toute l’équipe est décimée. Qui leur en veut suffisamment pour faire preuve d’autant de violence ? Quel secret s’agit-il de dissimuler ?

Avis

Disons-le simplement, ce beau pavé de 573 pages se lit plutôt bien, signe indéniable que le style et l’histoire sont efficaces. Mais…

Mais ce livre est exactement ce que j’espérais ne pas lire. On m’avait vendu une archéologue – et pas n’importe laquelle, puisque Nina Wilde dirige – par interim – l’agence internationale du patrimoine, une structure de l’ONU. Or il se trouve que je m’intéresse à l’archéologie. Et ce qui nous est décrit dans ce livre, ce n’est pas de l’archéologie, c’est de la chasse aux trésors. Peut-être faut-il le rappeler, l’archéologie est une science plutôt « récente », dont les prémices remontent au XIXe siècle, mais dont les règles et méthodes se sont construites progressivement.

En quatrième de couverture, on nous dit qu’Andy McDermott est passionné de cinéma, notamment d’espionnage et d’aventure. Je n’en doute effectivement pas un instant, car on sent une double tentation dans ce livre : celle de nous proposer une version modernisée, actualisée, d’Indiana Jones – rappelons qu’Indiana Jones est un aventurier, pas un archéologue… -, mâtinée de 24 heures chrono. Et, objectivement, on sent que l’inspiration est très cinématographique, lorsque l’auteur nous décrit une scène à l’occasion de laquelle les héros font de la luge sur le couvercle d’un sarcophage, le long du bras d’une statue, ou lors des scènes de combat en paracraft…

Avec nos aventuriers sur-vitaminés – par moment, on a même l’impression qu’ils sont sous amphétamines, en réalité -, tout est toujours dans la surenchère. On assiste, médusés, à une gigantesque foire-expo de tous les véhicules possibles et imaginables, qui volent, qui roulent, qui flottent ; ça tire dans tous les sens. Et, summum du summum, trois sites archéologiques de tout premier plan sont littéralement détruits, sous nos yeux ébahis.

Aucune méthode, aucune analyse, rien de tout cela n’est utile à nos héros. Ils foncent dans le tas, et ils observent les dégâts après. Et la seule qui fasse remarquer à Nina Wilde que ses méthodes paraissent assez discutables, c’est une vieille rombière grincheuse, qui agit uniquement par frustration ! Quelle image ! Et à aucun moment les différents protagonistes ne semblent avoir besoin de faire analyser leurs découvertes. Intuitivement, ils savent, et quand ils ne savent pas ils devinent… Une démarche tout sauf scientifique… Et, vous l’aurez compris, qui me convainc assez peu.

L’histoire, quant à elle, m’a semblé relativement cousue de fil blanc. Vers la page 100, j’avais déjà deviné ce que serait le twist final, que j’ai attendu plus de 450 pages. Autant dire que, pour ma part, l’effet « wahou » a été un brin dilué.

Encore une fois, ce livre plaira sans doute à tous les amateurs de grand spectacle, de page-turners, parce que c’est efficace, que cela se lit bien. Cela pourrait faire une série sur Netflix, avec des effets spéciaux fracassants. Mais si vous êtes amateurs d’archéologie, admirateurs de celles et ceux qui travaillent en consacrant leur vie, leur intelligence, leur force de travail à essayer de faire parler des sites de fouilles, alors je vous recommande de passer votre chemin.

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