Aventures, Fantasy, Médiéval fantasy

Morgane Pendragon

Chronique de Morgane Pendragon, de Jean-Laurent Del Socorro.

« Nous nous arrêtons devant le chêne au cœur du sanctuaire. Merlin pose la main sur son tronc.

– Les chrétiens ont fait tomber Rome, Arthur. Je dois – nous devons, toi et moi, faire de cette jeune religion notre alliée pour protéger la Déesse. Elle a plus que jamais besoin de nous pour trouver cet équilibre qui a manqué sur le continent, où ses fidèles ont été balayés. »

Jean-Laurent Del Socorro, Morgane Pendragon, Éditions Albin Michel, 2023, p. 134.

Motivations initiales

Chez Ô Grimoire, nous avons lu différentes versions des légendes arthuriennes. Celle de Stephen Lawhead, celle de Mary Stewart, celle de Marion Zimmer Bradley. La réécriture – qui reste l’un de mes livres de référence – par Guy Gavriel Kay, La Tapisserie de Fionavar. Après avoir apprécié Royaume de vent et de colères, de Jean-Laurent Del Socorro, comment ne pas s’intéresser à sa propre relecture de l’histoire des Pendragon ?

Synopsis

Uther Pendragon, souverain du royaume de Logres, est mort. Pour être désigné comme son successeur, il faut parvenir à retirer son épée, enchâssée dans la pierre. Accompagnés de Merlin, deux candidats sérieux se présentent : Arthur, qui échoue – bien que l’enchanteur ait tout fait pour qu’il soit l’élu – et Morgane, qui devient reine de Logres.

Les femmes, on l’aura compris, peuvent accéder au trône, et, plus largement, au statut de « Couronnes », nom dont on désigne les souverains des royaumes dans l’île de Bretagne. Elles peuvent être des combattantes, et, à ce titre, être également des Épées.

Morgane va épouser Guenièvre – oui, les mariages entre personnes du même sexe sont acceptés, la religion de la Déesse n’a pas encore cédé le pas au christianisme.

Avis

Jean-Laurent Del Socorro a le chic pour détricoter les habitudes. Mais il ne le fait jamais gratuitement : ici, on voit se déployer sous nos yeux un monde dans lequel la morale judéo-chrétienne n’a pas fixé un carcan genré dont, après tout, la remise en question n’est pas de l’ordre du blasphème… Et l’on s’adresse à Messœur comme on s’adresse à Messire…

Morgane, donc, fille cachée de Uther. Prise sous son aile, d’abord, par Merlin, mais qui lui préfère finalement Arthur, et confiée à Auctor, le père de Kay. Elle n’a pas été élevée pour régner, et se demande bien comment elle va assumer ce rôle qui lui es tombé dessus. Morgane décide de mettre en place un conseil des Épées, qui se réunit autour d’une table ronde, afin que la hiérarchie ne soit pas marquée. Et elle se montre la digne descendante d’Uther.

Merlin, par contre, nous est présenté sous un angle extrêmement ambigu. Ambigu dans son passé, ambigu dans ses choix, ambigu dans sa façon de servir la Déesse – il prône un rapprochement avec le christianisme dont on ne comprend pas forcément la visée -, ambigu dans son choix d’Arthur contre Morgane…

Arthur, lui, amoureux et amant de Morgane, se sent rejeté, et se convertit au christianisme. Dès lors, il est considéré comme un traître, par les deux côtés. Et il paye le prix de tous ses choix, même s’il est d’abord le jouet du hasard.

Bref, la relecture est intéressante, elle amène à réfléchir et à se poser des questions. L’imagination de l’auteur est, cette fois encore, à la fête…

Alors, en selle si vous êtes prêts à vous embarquer dans cette histoire !

Pour en savoir plus

Retrouvez la présentation de ce livre sur le site de l’éditeur.

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