Policiers, Psychologique, Thrillers

Une famille presque normale

Chronique de Une famille presque normale, de M. T. Edvardsson.

« Je lui ai servi un couplet sur le fait que les techniques modernes, qui permettent d’être joignables en permanence, nous ont habitués au luxe de toujours savoir où était notre fille. Au fond, il n’y avait aucune raison de s’inquiéter.

– Elle va sûrement bientôt débarquer au pas de course.

Mais en même temps, une inquiétude lancinante croissait dans mon ventre. Être parent, c’est ne jamais pouvoir se détendre. »

M. T. Edvardsson, Une famille presque normale, Sonatine Éditions, 2019, p. 33.

Motivations initiales

Encore un livre reçu dans le cadre de la sélection Elle pour le Prix des lectrices, dans la catégorie des policiers. Un policier suédois : avis de grand froid ?

Synopsis

Adam Sandell est pasteur à Lund. Sa femme, Ulrika, est avocate, et leur fille Stella, dix-neuf ans, ne parle plus que du long voyage qu’elle veut faire en Asie du Sud-Est, et pour lequel elle économise depuis un bon moment déjà.

Tout semble suivre des rails nets et bien tracés. Mais, un beau jour – ou plutôt une nuit -, tout s’emballe. Christopher Olsen, un homme d’affaires pas très net est retrouvé mort, tué à coups de couteau. Stella est arrêtée. Rapidement, le procès semble inévitable.

Et la famille, qui semblait être le prototype de la normalité, devient le lieu de toutes les failles, de tous les mensonges…

Avis

> L’avis de C

Bon. Voilà un livre dont il n’est pas si simple de dire si on l’a aimé ou non. Ou, plutôt, de démêler ce qui en fait un bon livre et pourquoi.

D’abord, il est présenté comme étant dans la catégorie « policiers ». Mais est-ce réellement un policier ? Certes, la question de départ du livre est de savoir si Stella a tué Christopher Olsen. Mais est-ce bien la question centrale de cette histoire ?

La première partie, celle à l’occasion de laquelle on suit l’affaire et son évolution du point de vue d’Adam Sandell, correspond globalement à un policier. Il ne sait rien, il cherche à comprendre. Mais ses réflexions et ses investigations sont autant liées à des événements antérieurs, sans lien direct avec l’affaire, qu’avec la recherche de la « vérité ».

La deuxième partie, à l’occasion de laquelle on accompagne Stella, alors qu’elle est en prison, ne ressemble pas vraiment à un policier, plutôt à un récit de prison, d’enfermement. Elle sait, mais elle ne nous dit rien. On n’apprend quasiment rien sur ce qui s’est réellement passé.

Enfin, dans la troisième partie, c’est Ulrika, la mère, qui est la narratrice. On suit alors essentiellement le procès. Et, finalement, le « twist » de la fin en est un sans en être un, puisque l’on se doute depuis le début de l’essentiel.

Mais tout cela reste intéressant si l’on lit ce livre non pas comme un policier, mais comme une réflexion sur le mensonge, les non-dits, les secrets dans les familles. Adam est assez insupportable dans ses certitudes, dans son espèce de naïveté déconnectée de la réalité ; Stella est assez insupportable dans sa brutalité adolescente, dans sa recherche, qui semble un peu absurde, de la nouveauté ; Ulrika, elle, parait la plus « normale », finalement, mais elle est le centre des secrets, pour le dire ainsi. Finalement, la normalité serait-elle le mensonge ? Ou bien est-ce qu’il est impossible d’exprimer réellement ce que l’on pense, même avec ceux que l’on aime ?

Le sujet est intéressant, naturellement. Mais le policier est-il la forme la mieux adaptée pour ce message, en tout cas de la façon dont il est traité ici, on peut se poser la question…

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