Historiques, Témoignages

Retour à Birkenau

Chronique de Retour à Birkenau, de Ginette Kolinka.

« Elles nous répètent : « Tous ceux qui sont montés dans les camions sont allés dans les chambres à gaz. Ils ont été assassinés et leurs corps brûlés. »

Je ne les crois pas, mais je sais. Je ne pense plus qu’à ça. »

Ginette Kolinka, Retour à Birkenau, Le Livre de Poche, 2020, p. 18.

Motivations initiales

Ce petit récit me faisait de l’œil depuis un moment… Je trouve que c’est un devoir de mémoire de lire ces terribles récits pour que plus jamais une telle folie recommence.

Synopsis

Avril 1944. Après trois jours et trois nuits de train, entassée avec son père, son frère et son neveu au milieu de gens qu’elle ne connait pas, Ginette Kolinka arrive au camp de concentration de Birkenau.

Les cris, l’odeur, les ordres, les humiliations, la maladie et la faim seront son lot quotidien jusqu’à le camp soit libéré.

Plus de cinquante ans plus tard, cette femme retourne sur place et découvre un tout autre paysage que celui dans lequel elle a connu la barbarie des hommes. Où sont les fosses ? Où sont les chemins boueux ? Ce n’est pas ça Birkenau… Ce ne sont pas ces allées fleuries pour les visiteurs du camp, et encore moins ces petits pavillons résidentiels que l’on trouve désormais autour du site… Désormais, Birkenau est devenu un lieu touristique ; un tourisme mémoriel, certes, mais sans l’odeur de la chair brûlée, les visiteurs ne peuvent pas comprendre…

Après plusieurs demandes de journalistes et aussi parce qu’elle ne veut pas que ce moment de folie sombre dans l’oubli, elle raconte son histoire, celle de son internement, celle de la souffrance physique et mentale et enfin celle de la résilience…

Avis

L’adage selon lequel ce n’est pas la quantité qui compte mais la qualité colle parfaitement à cet ouvrage. Ce petit livre – à peine une centaine de pages – m’a submergé d’émotions. J’espère avoir pris assez de recul pour vous partager mon avis.

Une fois ma lecture finie, je me dis que ce que nous livre Ginette Kolinka est cru, brut et poignant. Comment ne pas frémir lorsqu’une Kapo répond aux nouveaux arrivants qui s’inquiètent de leurs proches qu’ils sont dans la fumée qu’ils voient s’élever dans le ciel… Encore une fois, ce que je lis me parait incompréhensible, inhumain. Qui sont ces gens pour prendre la vie d’une personne ou pour l’asservir… Mon cerveau ne comprends pas cette fureur et ces folies. Bref, vous l’aurez compris, quelques minutes après ma lecture, je trouve cela extrêmement violent.

Et puis, les heures passent, l’incompréhension et la colère laissent la place à un questionnement plus profond sur l’importance de ce témoignage… Finalement, je fais un demi-tour à 180 degrés et je me rends compte que le plus important dans cet ouvrage, ce n’est pas la violence et l’atrocité des faits mais la pudeur qui s’en dégage. En effet, entre les lignes, on arrive à ressentir cette pudeur de la part de Ginette Kolinka, elle ne s’apitoie pas sur son sort – il y a uniquement quelques lignes sur son état au retour du camp, elle a 19 ans et elle pèse 26kg, elle ne tourne pas en boucle sur elle-même, elle dit uniquement qu’elle sera malade pendant trois ans après son retour. Et, surtout, elle tente de trouver une voie vers la résilience.

Ce livre est une véritable leçon de vie, un acte de mémoire pour que les jeunes générations n’oublient jamais. C’est touchant, remuant, percutant et très bien fait… Mais est-ce que ce sera suffisant ?

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3 réflexions au sujet de “Retour à Birkenau”

  1. Que j’ai aimé écouter, lire Ginette Kolinka avec ses mots à elle, sobres et tellement forts, un « vrai » témoignage personnel qui derrière ses mots évoquent tellement. Comme je l’ai dit dans ma chronique je crois à faire lire à tout le monde, d’ailleurs sa démarche auprès des jeunes le prouve 🙂

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