Drame, Psychologique, Roman noir

Disparaître ici

Chronique de Disparaître ici, de Kelsey Rae Dimberg.

« Ayant pris l’habitude de de déformer la vérité, d’inventer, d’omettre, de taire et de prétendre, je croyais savoir déjouer le mensonge. Peut-être qu’Iris avait une histoire avec Philip, qu’ils avaient couché ensemble, peut-être même plusieurs fois, mais je ne gobais pas une minute la love-story. »

Kelsey Rae Dimberg, Disparaître ici, le cherche midi, 2020, p. 119.

Motivations initiales

La TeamThriller du cherche midi reprend du service, avec ce premier livre d’une jeune auteure américaine. Occasion, donc, de découvrir une nouvelle écriture, et, peut-être, de tomber sous le charme de ce livre décrit comme « exceptionnel », et qui devrait nous rendre paranoïaques… Tout un programme, non ?

Synopsis

Finn a fait des études de design. Mais, à la sortie, pas de poste. Devenue serveuse, elle s’inquiète que sa vie ne soit jamais mieux que cela. Puis un ancien professeur la met en contact avec un cabinet de design, où elle effectue un stage non rémunéré… avant d’y rencontrer Philip Martin, sa femme Marina et sa fille Amabel. La petite l’adopte et Finn devient sa baby-sitter. Mais Philip est aussi le fils de Jim Martin, le sénateur de l’Arizona et Amabel sa petite-fille.

Désormais, Finn évolue dans un monde dans lequel le principal problème est de ne pas mettre deux fois la même robe à deux soirées différentes, et d’apprendre à se fondre dans n’importe quel société… du moment que celle-ci est « haute ». Bryant, conseiller du sénateur, est devenu son petit-ami ; Philip, le fils du sénateur et le père d’Amabel, l’apprécie beaucoup.

Mais ce monde idéal se craquelle lorsqu’Amabel dit à sa baby-sitter qu’une femme aux cheveux roux la suit. Qui est cette femme mystérieuse ? Et, surtout, qui suit-elle exactement, et pourquoi ?

Lorsque le vernis commence à se fendiller, Finn découvre soudain les lézardes derrière la surface clinquante… et cela la renvoie à sa propre situation. Car qui est réellement Finn ? Que cache Philip Martin ? Pourquoi les tensions entre les parents d’Amabel semblent-elles s’exacerber ? Jusqu’où cela ira-t-il ?

Jusqu’au drame !

Avis

Égratigner la patine dorée pour montrer l’envers du décor des milieux de pouvoir, l’idée n’est pas nouvelle, ni révolutionnaire, mais cela fonctionne bien. Parce que, naturellement, nous savons tous que chacun a ses petits secrets, mais que les petits secrets d’un sénateur ont forcément des conséquences plus sérieuses que ceux de son employée de maison…

Et, en effet, très rapidement, Kelsey Rae Dimberg installe son livre dans une sorte de faux rythme, avec des petites notes discordantes, ici et là, pour nous faire comprendre que les choses vont partir en vrille. Du coup, on n’est pas surpris lorsque la machine commence à s’emballer, mais on est surpris de la façon dont les choses tournent. Ça, c’est vraiment réussi.

Pourtant, je reste sur ma faim. D’abord parce qu’il y a, de mon point de vue, un point assez peu crédible. Le sénateur, visiblement, gère avec beaucoup d’attention son image et celle du clan, semble être assez négligent sur certains aspects de la question. Sans rien dévoiler, pour ne pas spoiler, j’ai du mal à croire qu’il laisse sa petite-fille entre les mains de n’importe qui sans qu’aucun de ses « Espions » (ses gardes du corps) ne songe à mener la moindre enquête. Et ce n’est pas la seule chose qui ait échappé à leur sagacité.

Ensuite, Finn m’a donné l’impression, tout au long du livre, d’être franchement naïve. Chez moi, on dirait qu’effectivement elle est gentille… mais pas forcément très maline ! Par moment, son côté « c’est le dernier qui a parlé qui a raison » est assez agaçant. C’est naturellement très bien de croire tout le monde mais à force de constater que l’on se trompe parfois, on est censé apprendre…

Et puis je n’ai pas compris certaines scènes. De même que les réactions et les choix de certains personnages. Pour ne donner qu’un seul exemple, en en dévoilant le moins possible, l’un des personnages est probablement éliminé pour l’empêcher de parler, mais il ne semble pourtant pas être le premier à faire disparaître…

Bref, la lecture n’est pas désagréable, c’est plutôt fluide, mais cela ne restera clairement pas pour moi comme un grand souvenir de thriller…

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