Prix littéraires, Roman

Le bal des folles

Chronique du Bal des folles, de Victoria Mas .

« En dehors des murs de la Salpêtrière, dans les salons et les cafés, on imagine ce à quoi peut bien ressembler le service de Charcot, dit le « service des hystériques ». On se représente des femmes nues qui courent dans les couloirs, se cognent le front contre le carrelage, écartent les jambes pour accueillir un amant imaginaire, hurlent à gorge déployée de l’aube au coucher. »

Victoria Mas, Le bal des folles, Albin Michel, 2019, p. 14.

Motivations initiales

Depuis cet été, j’attends la sortie de ce livre avec impatience ! Je n’ai pas attendu bien longtemps pour le glisser dans mon tote-bag lors d’une virée en librairie et je n’ai pas attendu davantage avant de le lire !

Synopsis

Paris. XIXe siècle. La Salpêtrière. Dans un service bien particulier, on trouve des femmes. Des femmes de tous âges, issues de tous milieux. Certaines sont ici parce qu’elles sont épileptiques, d’autres parce qu’elles sont folles, hystériques… et puis il y a Eugénie…

Eugénie est une jeune femme engagée pour la liberté de son sexe, elle ne souhaite pas qu’on lui impose son mari ni qu’on lui dicte ce qu’elle doit faire, dire ou penser. Sa rébellion l’entraine dans une querelle avec son père et lorsque celui-ci découvre qu’elle prétend communiquer avec les morts, il prend la décision de l’enfermer de force.

En immersion dans un lieu glauque et atypique, Eugénie côtoie les grands professeurs de médecine – Charcot, Babinski et Tourette entre autres – qui se servent dans ce vivier pour mener à bien leurs expériences devant un public curieux, voyeur et admiratif de leurs succès !

La dernière tentative de Charcot pour faire de ces femmes des personnes « comme les autres », c’est le bal de la mi-carême où le tout Paris se presse pour venir reluquer les folles.

Ce bal est sans nul doute l’occasion pour Eugénie de fuir mais y parviendra-t-elle ?

Avis

> L’avis de C

Impossible à lâcher ! C’est déroutant, bouleversant et révoltant ! Lu & dévoré, je vous le conseille !

Victoria Mas signe là son premier roman. Elle est âgée de trente et un ans et quand je vois avec quelle facilité elle nous transporte dans une autre époque, au milieu d’une société où la femme est soumise à son mari, je me dis que cette auteure est prometteuse !

Elle nous entraine dans un Paris où règnent les inégalités et la violence, et elle nous montre la place des femmes dans cette société. Ces dernières sont soumises à l’autorité de leur mari, ne sont pas les bienvenues dans les salons où les hommes discutent et doivent se plier aux volontés de ceux-ci… Si elle ne met rien de nouveau en lumière, elle pointe du doigt – ou plutôt de la plume – la facilité avec laquelle l’homme peut enfermer et cacher le sexe féminin derrière des murs simplement parce qu’elles ne sont pas décidées à suivre le chemin qu’on a choisi pour elles. Elle nous rappelle qu’à l’époque, la plupart des « aliénées » ne l’étaient pas, en réalité !

Et si la place des femmes au XIXe siècle n’est pas une découverte, la description qui nous est faite de leur terrible destin est un véritable choc. Elles sont violentées, analysées, disséquées telles des animaux morts pour la gloire de certains médecins et l’avancée de la science, le tout devant un public qui vient là comme au spectacle et qui en redemande.

On croise également des personnages touchants, je pense notamment à la jeune Louise qui a été violée dans sa jeunesse mais qui n’a pas perdu son côté candide et qui croit encore à l’amour mais également au frère d’Eugénie qui finalement ose désobéir au chef de famille et ne pas abandonner sa sœur dans cet asile…

Certes ce livre n’est pas parfait parce que l’on sent le happy-end arriver très très très tôt mais il ne gâche pas la lecture. Je pense surtout que la fin de ce roman n’est pas ce qu’il faut retenir mais plus la mise en lumière sur ces femmes enfermées sans motifs, juste sur les dires de leur père, mari ou bien frère…

Un livre poignant qui saura vous plaire si vous osez pousser les portes de la Salpêtrière…

2 réflexions au sujet de “Le bal des folles”

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