Policiers, Roman noir, Thrillers

Le couteau

Chronique de Le couteau, de Jo Nesbo.

« Quand nous nous sommes couchés ce soir-là, Rakel s’est collée contre moi et m’a dit qu’elle m’aimait, et que notre amour était comme ce système racinaire. Les arbres pouvaient pourrir, la foudre pouvait s’abattre sur eux, nous pouvions nous disputer, je pouvais me remettre à boire, mais ce qui était sous la terre, ni nous ni quiconque ne pouvait y toucher, ce serait toujours là et il y aurait toujours un nouvel arbre qui pousserait. »

Jo Nesbo, Le couteau, Éditions Gallimard, 2019, p. 343.

Motivations initiales

Dans la sélection du mois d’août du Grand prix des lectrices Elle, un policier, 600 pages, qui nous annonce, pour l’inspecteur Harry Hole, « une interminable descente aux enfers ». N’ayant encore jamais lu Jo Nesbo, voilà une belle occasion de faire connaissance !

Mais, s’agissant d’une série, si vous n’en êtes pas encore à cet épisode, attention, il y a un gros spoiler… dispensez-vous donc de lire cet avis, ou acceptez de perdre la surprise.

Synopsis

Prenant en route la série, on découvre un Harry Hole alcoolique, désabusé. S’il fait encore partie de la police criminelle d’Oslo, c’est par protection… mais les affaires qui lui sont confiées ne sont pas celles qu’il espère ! Littéralement obsédé par Svein Finne, le violeur en série qu’il avait arrêté mais qui vient d’être libéré, il voit sa trace partout.

Sa vie privée n’est pas plus reluisante : Rakel, la femme de sa vie, l’a mis dehors. Depuis, il traîne sa peau comme un désespéré, prêt à tout pour la reconquérir. Mais est-ce la bonne solution ?

Les choses ne s’améliorent évidemment pas lorsque Rakel est retrouvée morte dans sa maison, tuée à coups de couteau. Écarté de l’enquête, Harry Hole ne peut pourtant pas ne pas se mettre sur les traces du coupable. Vengeance ? Drame passionnel ? A-t-on tué Rakel d’abord pour lui faire du mal à lui ?

Avis

> L’avis de C

Lorsque vous lisez un auteur pour la première fois, vous ne savez pas à quoi vous attendre. C’était donc le cas ici. Mais, en même temps, Marc Voltenauer ayant cité Jo Nesbo parmi ses auteurs de référence, j’avais un petit peu peur d’en attendre trop…

On est très rapidement dans l’histoire. Après un premier chapitre elliptique mais bref, on entre de plain-pied dans le récit, et accompagnons Svein Finne alors qu’il commet un viol. Voilà. Pas le temps d’accrocher sa ceinture, on est déjà en plein dedans, et prenons déjà la mesure de l’odieux personnage.

Sans temps mort, on enchaîne, en rejoignant Harry Hole dont on sent immédiatement qu’il essaye de conserver un équilibre précaire, mais qu’il n’est pas loin de la chute. Seuls ses amis, qui veillent sur lui, le retiennent encore. Rien ne va, et il tourne en boucle sur ses malheurs et ses frustrations. Lors de ses rares moments de lucidité, il a conscience que tout est réuni pour qu’il dérape…

Et puis tout s’accélère. Rakel est retrouvée morte. Et, à partir de là, on peut commencer à soupçonner tout le monde. Svein Finne, naturellement ; Kaja, une ex-petite amie et ex-collègue, quittée pour Rakel quelques années plus tôt, fait sa réapparition ; l’homme qui a racheté le Jealousy, un bar qui appartenait à Harry et à ses amis et associés…

C’est rythmé, c’est efficace, c’est enlevé. Le rythme ne faiblit pas, et, au fil des pages, ce qui semblait compliqué pour Harry Hole devient progressivement insurmontable.

Comme souvent dans les romans policiers nordiques, c’est noir. Très noir. Et, ici, de très jolies réflexions sur l’amour, les relations père-fils, l’amitié… toujours vues sous le prisme de la perte, de la trahison. Il ne faudrait tout de même pas sombrer dans l’optimisme !

Franchement, ce livre vaut le coup d’être lu. Il ne plaira pas à tout le monde, mais il mérite d’avoir sa chance : au-delà de l’intrigue solide, il a comme une espèce de beauté trouble…

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