Policiers, Psychologique, Roman noir, Thrillers

Je te protègerai

Chronique de Je te protègerai, de Peter May.

« Et bien que les jeunes aient toujours envie de partir, d’aller voir plus loin, leur ADN semblait programmé pour les faire finalement revenir un jour. Sinon eux, leurs enfants, ou les enfants de leurs enfants. En vérité, on ne s’échappait jamais de l’île. On l’avait dans le sang. »

Peter May, Je te protègerai, Éditions du Rouergue, 2018, p. 168.

Motivations initiales

Comment vous dire ? J’aime beaucoup la collection Rouergue noir, et depuis sa Trilogie écossaise, j’ai lu presque tout ce que Peter May a écrit et qui se déroule dans une île – fut-elle virtuelle. Alors, évidemment, ce Je te protègerai ne pouvais pas ne pas retenir mon œil… Ce que voyant, mon binôme de Ô Grimoire me l’a acheté lors d’une escapade strasbourgeoise…

Synopsis

Niamh (prononcer Nive) et Ruairhid (prononcer Rou-are-i) sont mariés et associés dans l’entreprise qu’ils ont créée, Ranish Tweed, qui fabrique sur l’île de Lewis un tissu traditionnel. Grâce à un créateur de mode anglais, qui leur a consacré toute une collection, ils ont acquis une grande renommée dans le monde. Ils semblent avoir tout pour être heureux.

Pourtant, alors qu’ils sont à Paris pour un important salon international, Niamh est assaillie par un sombre pressentiment : Ruairidh la trompe avec Irina Vetrov, une créatrice de mode. Elle a d’ailleurs reçu un mail anonyme, envoyé depuis un compte intitulé « unamisincere », qui dénonce l’aventure…

Après une dispute, elle regarde son mari quitter leur hôtel avec Irina, et monter dans la voiture de cette dernière. Elle veut les rattraper, et suit la voiture en courant… mais celle-ci explose soudain, place de la République. Est-e l’un de ces attentats qui endeuillent la France, ou faut-il aller chercher d’autres raisons, plus personnelles, à cette tragédie ?

Le lieutenant Sylvie Braque, chargée de l’enquête, se débat, pour sa part, dans un véritable conflit de loyauté. Doit-elle faire le choix de son métier, qui lui a déjà coûté sa vie de couple, ou ses deux filles, dont elle a bien du mal à s’occuper, au vu de ses horaires à la brigade criminelle…

Avis

Ceci est encore un très beau livre de Monsieur Peter May. Dans lequel, comme c’est toujours le cas quand il écrit un livre qui se déroule sur l’île de Lewis, cet espace insulaire joue un rôle actif. L’île est un personnage à lui seul. La description de ce lieu, sous le soleil ou dans la tempête, sauvage et brutal, beau et coloré, sombre et inquiétant, est toujours un moment fort.

S’ajoute à ce décor grandiose toutes les mesquineries et la superficialité du monde de la haute couture. Lee Blunt, le créateur qui les a fait émerger sur la scène mondiale, et avec qui ils se sont fâchés, a-t-il quelquechose à voir dans cette histoire ? Ou bien faut-il plutôt chercher du côté du mari d’Irina Vetrov, un russe, ancien militaire, qui a disparu ? Ou faut-il remonter encore plus loin, dans les histoires de l’enfance, dans les inimitiés entre les familles de Lewis, sur les vieilles colères enfouies, mais qui ne demandent parfois qu’à resurgir ?

C’est tout cet embrouillaminis, ce lacis, plus complexe à démêler que les fils dont son faites les pièces de tweed, qu’il va falloir trier et remettre à plat. Alors, pour Sylvie Braque, est-ce que ce sera le lieu et l’occasion de la rédemption, ou, au contraire, l’aboutissement de la perdition ?

Une belle intrigue, un décor cinématographique – la description de la maison à l’écart de tous de Niamh et Ruairihd m’a fait penser, allez savoir pourquoi, à celle du film The ghost writer… -, et, comme dans d’autres romans de Peter May, toutes les problématiques de l’enfance jamais réglées qui remontent à la surface… Bref, à dévorer sans attendre pour tous les fans de Peter May, et, pour ceux qui n’auraient pas encore découvert cet auteur, un bon galop d’essai s’ils hésitent à se lancer directement dans la Trilogie

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