Chronique La collection perdue, de Pauline Baer de Perignon.
« Michel semble donc convaincu que la famille a eu beaucoup de chance et que « les œuvres traversèrent miraculeusement la guerre ». Faut-il croire au miracle ? Même si pour l’instant je n’ai aucune preuve, un collectionneur juif a-t-il pu vraiment échapper aux persécutions ? »
Pauline Baer de Perignon, La collection disparue, 2020, Éditions Stock, p. 82-83.
Motivations initiales
Ce roman est tombé entre mes mains et il a très rapidement rejoint ma PAL. C’est un sujet qui m’intéresse et qui, de mon point de vue, devrait être plus présent dans les médias ou au cœur d’ouvrages scientifiques.
Synopsis
Pendant trois longues et intenses années, Pauline Baer de Perignon a mené des recherches pointilleuses telle une historienne au sujet d’œuvres d’art ayant été confisqué par les nazis à Jules Strauss, l’un des plus grands collectionneurs juifs français.
Si Pauline est très touchée par le destin des œuvres de Strauss, c’est notamment parce qu’il s’agit de son arrière-grand-père et qu’elle ne sait pratiquement rien de sa vie et de ce que sa famille a subi durant la Seconde guerre mondiale.
Alors la famille Strauss a-t-elle été spoliée de ces biens ou bien est-ce juste une affabulation de Pauline ? Entre la France, l’Allemagne et l’Angleterre, toute la lumière sera faite pour que la vérité soit enfin connue.
Avis
J’ai mis plus de quinze jours à lire cet ouvrage, c’est un fait assez rare pour que je vous en parle… J’ai du également prendre quelques jours de recul avant d’écrire cette chronique… Pourquoi ? Eh bien, pour la simple et bonne raison que j’avais envie d’en connaître plus sur Jules Strauss, que j’avais envie de faire durer cette intense recherche de la vérité aux côtés de Pauline Baer de Perignon. J’ai beaucoup surfé sur le web pour trouver des informations sur cette famille mais également sur les tableaux ou dessins dont l’auteure nous parle. Cette quête de la vérité est dense et nous emmène dans les réserves de nombreux musées où j’étais loin d’imaginer que dormaient encore de nombreux biens en attente d’être réclamés par les descendants.
Ce récit est très intime, sans fioritures ou dorures, l’auteure nous livre son ressenti, ses doutes, ses peines, sans ménager son lecteur. C’est une sorte de journal intime brut parsemé de déceptions, de bonheurs et de découvertes sur son histoire familiale. C’est passionnant, c’est poignant et je vous avoue que par moment j’avais le cœur serré…
Comme moi, je pense que beaucoup de lecteurs ont été choqués par la lenteur des procédures mais également la mauvaise foi des musées, qui font tout pour ne pas rendre les œuvres aux descendants de juifs spoliés pendant la seconde guerre mondiale. Les recherches de l’auteure mettent le doigt sur des blessures profondes de la guerre et qui ne sont pas encore totalement cicatrisées, on sent que certaines instances françaises ou allemandes ne sont pas encore à l’aise avec le sujet de la spoliation des biens juifs. Il serait peut-être temps d’avancer, de vivre avec son passé sans essayer de tout mettre sous un voile.
Vous l’aurez compris, cet ouvrage dense, intime, audacieux, remuant le passé, m’a tenu en haleine de la première à la dernière page. Je vous recommande chaudement de tourner les pages de cet ouvrage et de découvrir qui était Jules Strauss.
Le travail de l’auteure suscite toute mon admiration et bien qu’elle dise ne pas être historienne, elle a appliqué exactement la même démarche que celle que l’université enseigne, pour mener à bien ses recherches, cela mérite un immense bravo pour sa ténacité !
