Drame, Policiers, Roman noir

Que la bête meure

Chronique de Que la bête meure, de Nicholas Blake.

« J’ai parlé ce matin au sergent Elder : quatre-vingt dix kilos de muscle et d’os contre un milligramme environ de cervelle, l’œil arrogant et torve de l’imbécile investi d’autorité. Impossible de s’entretenir librement avec un policeman. Pourquoi ? Parce que la crainte est communicative, sans doute. Le policier est toujours sur la défensive, avec les membres de la classe dirigeante qui peuvent lui rendre la situation intenable s’il fait un faux pas comme avec les gens modestes pour lesquels un représentant de l’ordre est nécessairement un ennemi. »

Nicholas Blake, Que la bête meure, Éditions Archipoche, 2022, p. 17.

Motivations initiales

Un classique publié en 1938, source d’inspiration du film de Claude Chabrol de 1969, et repris sous forme de série, diffusée sur Canal+ en 2021. Déjà on se dit que, pour avoir suscité autant d’intérêt depuis plus de 80 ans, l’histoire doit être solide. Alors, avant de regarder la série, pourquoi ne pas remonter à la source, grâce aux Éditions Archipoche ?

Synopsis

1937. Franck Cairns, connu comme auteur de romans policiers sous le nom de Felix Lane, vit un drame. Son fils, Martie, a été tué par un chauffard, qui a pris la fuite. Inconsolable, Cairns voit la police rester au point mort. Il décide de mener l’enquête, non sans avoir pris la décision de retrouver le conducteur, et de le tuer.

Et, en effet, il parvient à remonter la piste. L’homme responsable de la mort de son fils identifié, pour se venger, Cairns – fort de son expérience d’auteur policier – met au point le crime parfait. Il parvient à entrer dans l’entourage de sa cible, sous l’identité de Felix Lane. Tout est prêt… mais, au dernier moment, il est obligé de renoncer. Pourtant, le soir même, le chauffard, un être détestable – non seulement il a tué Martie, il trompe sa femme occasionnellement, il la bat, il rabaisse sans cesse son fils… – est empoisonné. Qui est le meurtrier ?

Les soupçons, évidemment, se portent sur Franck Cairns, dont l’identité véritable – et donc le mobile, la vengeance – a été révélée. Comment se défendre d’un crime alors même que l’on a véritablement voulu tuer l’homme en question ?

Avis

Ah, voilà tout l’intérêt de relire les grands classiques ! Tout le machiavélisme de l’être humain est déjà ici condensé, ciselé, délicatement apprêté…

Alors, certes, la construction, la façon de raconter l’histoire, le vocabulaire employé, les tournures de phrases sont parfois datées. On imagine assez mal, désormais, dans ce qui se veut un page-turner, employer l’imparfait du subjonctif. Cela vous a son petit charme surané.

Mais ce qui est tout particulièrement intéressant, c’est que l’on peut observer comment, en 1938, déjà, des sujets redoutablement d’actualité étaient déjà sur la table. Violences faites aux femmes, emprise psychologique de cet homme sur sa femme et son fils sont clairement déjà des sujets.

Cela donne assez envie d’aller retrouver l’un de ceux qui mènent l’enquête, Nigel Strangeways – qui porte plutôt bien son nom, sa façon de mener l’enquête étant assez psychologique pour sembler parfois bizarre aux autres policiers -. En effet, Nicholas Blake, qui n’est que le pseudonyme du célèbre poète irlandais, et père de Daniel l’acteur célèbre, Cecil Day-Lewis, a en réalité écrit 16 romans mettant en scène le policier.

Un roman, donc, qui mérite d’être redécouvert, de préférence avant de regarder la série, comme hors-d’œuvre, par exemple ! Si cela vous tente, c’est par ici !

Pour en savoir plus

Retrouvez la présentation de ce livre sur le site de l’éditeur.

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