Chronique de Brume rouge, de Nicolas Feuz.
« À l’abbaye de Saint-Maurice, les mois s’étaient écoulés. Matthias avait fêté ses dix ans. Une fois tous les quinze jours, sa mère venait le voir. Des visites de vingt minutes dans une sorte de parloir, sous la surveillance des chanoines. Des échanges stériles avec une femme épuisée, que le garçon reconnaissait de moins en moins parce qu’elle buvait de plus en plus. »
Nicolas Feuz, Brume rouge, Slatkine & Cie, 2022, p. 84.
Motivations initiales
C’est le retour du procureur Jemsen ! Et nous, chez Ô Grimoire, nous sommes fans du proc’, de sa greffière et de tout ce petit monde qui gravite autour du tribunal, à Neuchâtel. Alors, naturellement, quand les équipes de Slatkine nous ont fait parvenir ce nouveau livre de Nicolas Feuz, nous avons été ravis, et nous l’avons rapidement mis dans la liste des ouvrages à lire rapidement…
Synopsis
Matthias Hodler est très en colère ! Il n’en peut plus de toutes ces injonctions écologiques supposées nous éviter la catastrophe climatique annoncée par tous. Ses dernières petites joies consistent à jeter par terre un emballage polluant ou un mégot qui va mettre dix ans à être éliminé, à conduire une grosse voiture qui dégage des particules fines, à commander plus de nourriture qu’il ne peut en avaler pour faire des restes, à ne pas suivre les consignes à l’hôtel qui veulent que l’on ne mette au nettoyage que les serviettes utilisées. Le réchauffement climatique, il n’y croit pas. Ou, plus exactement, il est convaincu que la planète saura parfaitement s’adapter à cette évolution. Pas comme tous les « moutons verts », qui piaillent ici et là.
Et s’il y a bien une personne qu’il déteste, c’est Greta Thunberg. Alors il se met à traquer toutes les femmes et les filles qui portent ce prénom. Et il les tue, de sans froid. Une basketteuse pro, une fillette de 10 ans, un nourrisson même pas encore sorti de l’hôpital. Pulvérisé à l’aide d’un fusil à pompe. Transformé en une « brume rouge ».
Rapidement, cependant, on parvient à identifier le coupable. Un seul problème : il est mort depuis 20 ans ! Jemsen n’est pas au bout de ses surprises !
Avis
On retrouve dans ce livre le goût de Nicolas Feuz pour les histoires dont les racines plongent dans le passé… dans un passé qui n’épargne ni les méchants, ni les gentils. Et qui brise, souvent, les plus fragiles.
Et, comme toujours, tous les personnages sont humains, c’est à dire qu’ils ont tous, quelque part, une faille, une brisure, un secret à dissimuler. Certains sont plus lourds que d’autres, certains relèvent même carrément de la psychiatrie la plus lourde. Mais, dans tous les cas, on peut se raccrocher à une part d’humanité. Sauf – et c’est là où c’est amusant – chez les ennemis de Jemsen. Ici, c’est le procureur Sylvain Kornisch qui s’y colle : incompétent, mesquin, rancunier…
Mais c’est difficile de faire une chronique, parce qu’il y a plusieurs éléments qu’il est préférable de ne pas dévoiler, pour ne pas nuire au suspense.
Disons simplement que le scénario est comme toujours efficace ; le livre se termine avec une interrogation qui fait que l’on va attendre le prochain opus avec impatience. Les chapitres, courts, font que le rythme de l’histoire est soutenu.
Si je devais mettre un petit bémol – toujours sans rien révéler -, ce serait que j’ai un petit peu vu arriver la fin, même si je n’avais pas repéré tous les fils de trame du scénario.
Pour en savoir plus
Retrouvez la présentation de ce livre sur le site de l’éditeur.

Ce roman est dans ma liste d’envies ! A propos de ta conclusion, je me faisais justement la réflexion l’autre jour, suite à mon dernier thriller, que je trouvais de plus en plus souvent la fin des livres, mais aussi de plus en plus rapidement. Souvent même au début de l’histoire. La plupart du temps, cela ne me gâche pas la lecture. Au contraire, j’aime lire le roman à la lumière de ce que je pense savoir, car les propos des personnages prennent alors un tout autre sens. Mais parfois, j’ai vraiment envie d’être surprise, alors ça me frustre. 😁 Peut-être que je lis trop d’histoires à suspense…
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C’est effectivement une vraie question : est-ce que l’on devine la fin parce que, finalement, il n’y a pas deux scénarios possibles, surtout de nombreuses variations autour de thèmes récurrents, et que, plus on en lit, plus on repère les indices – subtils ou moins subtils – ? Peut-être, aussi, est-ce lié au fait que certains auteurs ont des « gimmicks » qui reviennent (tel auteur construit ses histoires autour d’un meurtrier invisible mais en nous plaçant dans sa tête ; tel auteur a pour habitude de placer le meurtrier au plus près du héros ou de l’héroïne ; tel auteur, aussi, ne cherche en réalité pas à écrire un roman à suspense, mais s’intéresse surtout au fonctionnement psychologique de ses personnages…). Dans tous les cas, en réalité, ce qui fait l’intérêt, c’est la qualité et la solidité du scénario, et l’intérêt et la crédibilité des personnages… Mais, oui, de temps en temps, on a envie de se laisser surprendre 🙂
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