Policiers, Roman, Roman noir

Une vérité changeante

Chronique de Une vérité changeante, de Gianrico Carofiglio.

« Fenoglio soupira. Ce garçon lui faisait de la peine. Cela pouvait arriver, même avec des gens soupçonnés de crimes graves. Cependant, cette fois-ci, ce sentiment était plus fort encore. D’un côté, il était clair que le jeune ne disait pas la vérité, et qu’ils avaient sans doute trouvé la bonne personne. De l’autre, il y avait quelque chose qui ne le convainquait pas. Qui ne cadrait pas. »

Gianrico Carofiglio, Une vérité changeante, Slatkine & Cie, 2022, p. 48.

Motivations initiales

Voilà un an, environ, les équipes de chez Slatkine & Cie nous avaient donné l’occasion de découvrir Gianrico Carofiglio, procureur, conseiller du Comité anti-mafia au Parlement italien, sénateur de 2008 à 2013 et auteur, avec L’été froid. Et voilà le nouvel opus – le troisième publié chez Slatkine & Cie -, à découvrir !

Synopsis

Le maréchal Fenoglio est chargé d’une nouvelle enquête : un homme a été retrouvé, égorgé. L’affaire semble être d’une simplicité biblique, grâce à la vieille voisine dont l’une des activités principales consiste à surveiller les allers et venues dans le quartier. Elle note les numéros de plaques d’immatriculation des véhicules qu’elle ne connait pas. Elle a même croisé celui qui parait être le coupable, l’a vu jeter quelque chose dans une poubelle.

Et en effet, les indices s’accumulent. Tout semble évident. Trop, peut-être. Le maréchal Fenoglio a la sensation que quelque chose lui échappe. Sensation diaphane, mais persistante.

Alors, fort de son expérience, de son professionnalisme, mais aussi, tout simplement, de son humanité, il continue à chercher.

Avis

Cette histoire parait toute simple. Et, en effet, elle l’est. Ici, pas de rebondissements incroyables, pas de gadgets technologiques de pointe, pas d’effets de manche qui vous laissent bouche-bée. Mais de l’humain.

Le maréchal Fenoglio, en effet, n’a pas de pouvoirs spéciaux, il n’est pas un « homme augmenté ». Mais il prête de l’attention aux affaires dont il a la charge. Il est vigilant, attentif, persévérant.

Rien d’extraordinaire, donc, rien dont on puisse se dire que seul notre héros en aurait été capable. Et c’est là où réside toute l’intelligence de cette histoire, et, peut-être tout son potentiel tragique. Parce que des histoires comme celle-ci, il y en a forcément, et on peut se demander combien sont bâclées par des enquêteurs trop pressés, des juges d’instruction plus fascinés par les médias que par leurs dossiers, des ministres qui font pression pour avoir du chiffre…

Et quand on fait cette simple énumération de tout ce qui peut faire échouer une telle enquête, de tout ce qui peut faire dérailler le train de la justice et transformer une enquête juste en une erreur judiciaire, on ne peut s’empêcher d’avoir des images qui s’imposent à nous. On repense à des enquêtes qui ont vrillé. On voit défiler des affaires célèbres restées non résolues parce que, peut-être, tout n’a pas été fait dans l’ordre.

Bref, cette histoire simple apparait comme étant finalement ce qu’il peut y avoir de plus compliqué dans la vie dans enquêteur, et, plus largement, de nos vies à tous. Ce qui semble évident peut – doit ? – être questionné. L’idée partagée par tous n’est pas forcément la bonne. Les apparences peuvent être trompeuses. Le doute est salutaire. Pas à n’importe quel prix, pas dans n’importe quelles conditions.

Merci, maréchal Fenoglio, de nous rappeler cette vérité : ce n’est pas parce que cela semble évident que c’est vrai…

Pour en savoir plus

Retrouvez la présentation de ce livre sur le site de l’éditeur.

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