Aventures, Fable, Roman

La Librairie ambulante

Chronique de La Librairie ambulante, de Christopher Morley.

« Les présidents d’université peuvent bien continuer à vanter leurs étagères d’un mètre cinquante de grande littérature et les éditeurs à faire la publicité de leurs classiques illustrés, ce dont les gens ont vraiment besoin, c’est de belles histoires, simples et authentiques, des histoires qui les prennent aux tripes, qui les fassent rire et trembler, et qui les rendent humbles en réalisant à quel point nous sommes peu de choses sur cette planète ! »

Christopher Morley, La Librairie ambulante, Éditions Récamier, 2024, p. 49.

Motivations initiales

Dans le catalogue Récamier, nous avons la chance de pouvoir repérer les livres qui nous font de l’œil. Et, pour celui-ci, tout est parti d’une mention : ce texte, publié en 1917, est ici traduit par Oscar Lalo. Oscar Lalo dont nous avions apprécié Le Salon, voilà quelques mois. Pourquoi cet auteur irait-il traduire un livre quelconque ? Alors nous l’avons demandé, et le voilà ici…

Synopsis

Helen McGill a 39 ans. Elle est la soeur d’un écrivain célèbre, dont elle tient l’intérieur, faisant tourner la ferme, faisant la cuisine, le pain, bref, faisant en sorte que la vedette de la maison n’ait pas à se préoccuper du quotidien. Ce dernier s’en préoccupe d’ailleurs tellement peu que, régulièrement, pour alimenter son inspiration, il disparait, partant à l’aventure.

Helen McGill n’a pas réellement d’autre choix, elle n’en a jamais vraiment eu. Très jeune, elle avait trouvé un poste de gouvernante, dont son frère l’a tirée… mais, finalement, fait-elle réellement autre chose désormais ?

Alors, lorsque Roger Mifflin – que beaucoup surnomment le Professeur -, un original qui parcourt la Nouvelle-Angleterre dans sa roulotte transformée en librairie itinérante, fait escale dans la ferme des McGill, alors qu’Andrew n’est pas présent, Helen, sur un coup de tête, décide de lui racheter sa roulotte. Au moins pour s’assurer que ce ne soit pas son frère Andrew qui l’achète, s’offrant une raison de plus de disparaître de temps en temps. En effet, Roger Mifflin souhaite vendre et s’installer à Brooklyn, pour écrire un livre dans lequel il raconterait ses aventures sur les routes. En effet, depuis sept ans, il fait tout son possible pour que, partout, dans toutes les fermes, même les plus isolées, la littérature soit un peu présente.

Mais cette décision est-elle raisonnable ? Que va faire sur les routes cette femme qui a toujours consacré sa vie à s’occuper des autres ?

Avis

Quand on lit ce livre, il est assez rapidement évident que la même érudition et le même amour de la lecture, que l’on avait découvert dans Le Salon, traverse ce livre. Ce ne sont pas les mêmes auteurs, certes, mais du coup, on comprend mieux pourquoi Oscar Lalo s’est emparé de ce texte américain du début du XXe siècle.

Ce court récit éclaire différentes facettes que l’on retrouve, encore aujourd’hui, dans nos sociétés. Et c’est d’ailleurs ce que montre la citation retenue au début de cette page, qui pourrait assez facilement passer pour actuelle. Ce qui est intéressant, c’est d’ailleurs de comparer cela à ce que l’on peut lire sur les réseaux sociaux, qui montre une espèce d’opposition irréductible entre les tenants d’une « grande littérature », qui serait celle de cet universitaire américain cité à plusieurs reprises dans le livre, ce Charles William Eliot, président de Harvard, qui considérait que l’essentiel de la littérature mondiale pouvait tenir sur une étagère de un mètre cinquante, et ceux qui considèrent que lire un livre, n’importe lequel, ce serait déjà très bien. Élitisme maximum d’un côté, « tout se vaut » de l’autre.

Et, sans doute, ni l’un ni l’autre de ces deux extrêmes n’est la bonne option… mais vous vous en seriez douté !

L’histoire à un petit côté simpliste – si l’on s’en tient au pied de la lettre, Helen McGill se découvre une âme vagabonde comme cela, comme si c’était inné. Elle qui n’a jamais vraiment quitté le cocon familial s’en extirpe sans difficulté, à peine quelques heures de vague-à-l’âme, vite déchiré par un coup de soleil. Elle n’a pas vraiment de talent pour le commerce, mais en imitant le Professeur, s’en sort sans difficulté. On a par moments l’impression que, dans toutes les fermes américaines, on n’aurait attendu qu’un libraire en carriole pour se mettre à la lecture. Et même quand elle se retrouve à une situation complexe, la solution lui tombe toute faite dans les bras. La romance également a un petit air « sorti de nulle part ».

Mais ce n’est pas l’essentiel. Et on se laisse emporter, au pas du cheval, en se prenant à rêver que notre blog soit une roulotte !

Alors, que diriez-vous d’acheter la Librairie ambulante, et de partir à l’aventure sur les routes, convaincre des bienfaits de la lecture ?

Pour en savoir plus

Retrouvez la présentation de ce livre sur le site de l’éditeur.

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